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Centrafrique: M. Touadéra nomme un nouveau président à la Cour constitutionnelle

Le chef de l'Etat Faustin Archange Touadéra a nommé par décret en Centrafrique un nouveau président de la Cour Constitutionnelle en remplacement de la titulaire du poste qu'il avait congédiée après des décisions invalidant plusieurs de ses décrets et projets de lois.

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20 novembre 2022 à 11h21 par AFP

L'opposition accuse notamment M. Touadéra de "coup d'Etat institutionnel" après qu'il a démis de ses fonctions le 25 octobre Danièle Darlan à la tête de la juridiction suprême, laquelle avait invalidé en particulier ses décrets présidentiels mettant en place un comité chargé de rédiger une nouvelle loi fondamentale. L'opposition et une partie de la société civile, dans ce pays parmi les plus pauvres du monde et en guerre civile depuis 2013, le soupçonnent de vouloir modifier l'actuelle Constitution qui lui interdit plus de deux mandats, afin de se maintenir au pouvoir à la prochaine présidentielle en 2025. Dans un décret daté de vendredi, dont l'AFP a obtenu une copie dimanche, M. Touadéra "entérine l'élection" par les juges de la Cour de Jean Pierre Waboé, jusqu'alors vice-président, à la tête de l'institution. Il exerçait déjà la fonction par intérim depuis la mise à l'écart de Mme Darlan, que l'opposition ainsi que des juristes estiment "inconstitutionnelle" parce que, selon eux, l'actuelle Constitution "consacre l'inamovibilité des juges de la cour suprême" et leur indépendance de l'exécutif. Mme Darlan était régulièrement très violemment attaquée verbalement, voire menacée, sur les réseaux sociaux par le camp des pro-Touadéra et dans les manifestations pro-pouvoir, parce que la Cour avait invalidé plusieurs projets de lois chers au chef de l'Etat et les décrets installant fin août le comité chargé de rédiger une nouvelle constitution. M. Touadéra avait été réélu pour cinq ans en décembre 2020 avec 53,16% des voix, mais dans un scrutin très contesté par l'opposition et pour lequel moins d'un électeur inscrit sur trois avait eu la possibilité de se rendre aux urnes dans un pays alors occupé aux deux tiers par des groupes armés et théâtre d'une vaste offensive rebelle. Depuis, après avoir appelé à la rescousse Moscou qui a dépêché des centaines de mercenaires de la société privée de sécurité Wagner, le pouvoir a repoussé les groupes armés d'une très grande partie des territoires qu'ils contrôlaient.