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Justice en Côte d'Ivoire: le gouvernement juge "malveillant" un rapport d'ONG

Le gouvernement ivoirien a dénoncé vendredi un rapport "tendancieux et malveillant", après que plusieurs organisations de défense des droits humains ont dénoncé la veille un système judiciaire "instrumentalisé par le politique" dans ce pays.

AFRICA RADIO

16 juillet 2022 à 0h36 par AFP

"Le gouvernement déplore le caractère tendancieux et malveillant des conclusions de ce rapport", a relevé dans un communiqué le ministre de la Justice Sansan Kambilé, critiquant aussi "le titre délibérément sensationnel et inutilement outrancier". La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), la Ligue ivoirienne des droits de l'homme (LIDHO) et le Mouvement ivoirien des droits humains (MIDH) ont publié jeudi un rapport intitulé "Côte d'Ivoire: de la justice sacrifiée au nom de la +réconciliation+ à la justice instrumentalisée par le politique". Dans ce document, les ONG critiquent notamment la loi d'amnistie de 2018, promulguée au nom de la réconciliation nationale, qui a entraîné la libération de centaines de personnes condamnées pour leur rôle dans la crise post-électorale de 2010-2011. Cette crise, née d'un contentieux sur les résultats de la présidentielle de 2010 entre le sortant Laurent Gbagbo et le président élu Alassane Ouattara, a fait plus de 3.000 morts. "Le gouvernement tient à réaffirmer que l'ordonnance portant amnistie ne consacre aucune forme d'impunité puisqu'elle exclut explicitement de son champ d'application les militaires et les membres des groupes armés", a répondu vendredi le ministre de la Justice. "L'ordonnance d'amnistie décriée par ces organisations a été quasi unanimement saluée comme ayant permis d'apaiser durablement une situation sociale extrêmement délicate", a-t-il poursuivi. Après plusieurs crises politiques, la Côte d'Ivoire connaît une période d'apaisement, notamment depuis le retour en juin 2021 de Laurent Gbagbo, acquitté par la justice internationale. Mais il reste condamné par contumace en 2018 en Côte d'Ivoire à vingt ans de prison pour le "braquage" de la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BCEAO) pendant la crise de 2010-2011. Depuis son retour à Abidjan, M. Gbagbo n'a pas été inquiété par cette décision de justice.