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Henri Konan Bédié, toujours en course pour la présidence à 86 ans

L'ancien chef d'Etat ivoirien Henri Konan Bédié, chassé du pouvoir par un putsch en 1999, veut toujours redevenir président, malgré les critiques sur son âge avancé, 86 ans, qu'il estime au contraire être "un atout".

Surnomm&eacute; pour sa parole rare et son c&ocirc;t&eacute; &eacute;nigmatique le "Sphinx de Daoukro" - son fief dans l'int&eacute;rieur de la C&ocirc;te d'Ivoire -, M. B&eacute;di&eacute; doit &ecirc;tre d&eacute;sign&eacute; dimanche, lors d'un vote pl&eacute;biscite des d&eacute;l&eacute;gu&eacute;s, candidat &agrave; l'&eacute;lection pr&eacute;sidentielle d'octobre du Parti d&eacute;mocratique de C&ocirc;te d'Ivoire (PDCI).
L'homme de "l'ivoirit&eacute;" est le candidat unique de l'ex-parti unique qui r&eacute;gna sur la C&ocirc;te d'Ivoire pendant trois d&eacute;cennies apr&egrave;s l'ind&eacute;pendance, sous la pr&eacute;sidence de F&eacute;lix Houphou&euml;t-Boigny, son mentor, qui mourut au pouvoir &agrave; 88 ans.
"Pour nous au PDCI, l'&acirc;ge c'est un atout.L'&acirc;ge r&eacute;unit l'exp&eacute;rience et aussi la comp&eacute;tence", a estim&eacute; dimanche M. B&eacute;di&eacute;, questionn&eacute; par des journalistes sur la pol&eacute;mique sur l'&acirc;ge avanc&eacute; des candidats &agrave; la pr&eacute;sidentielle.
Celui qui sera le doyen du scrutin pr&eacute;sidentiel du 31 octobre, dix ans apr&egrave;s son &eacute;chec &agrave; l'&eacute;lection de 2010, affirme n&eacute;anmoins se pr&eacute;senter pour d&eacute;fendre "les nouvelles g&eacute;n&eacute;rations".
L'octog&eacute;naire promet une "victoire qui permettra aux jeunes de C&ocirc;te d'Ivoire d'acc&eacute;der aux responsabilit&eacute;s pleines et enti&egrave;res dans la gestion des affaires publiques".
D'autres responsables du PDCI, quiquag&eacute;naires, qui ont envisag&eacute; ou essay&eacute; de se pr&eacute;senter &agrave; l'investiture se sont retir&eacute;s face &agrave; lui, comme l'homme d'affaires Jean-Louis Billon.Quant &agrave; la candidature de Kouadio Konan Bertin, elle a &eacute;t&eacute; invalid&eacute;e par la commission d'investiture.
"HKB" a lui connu une carri&egrave;re pr&eacute;coce.N&eacute; le 5 mai 1934 dans le village de Dadi&eacute;kro, en pays baoul&eacute;, au sein d'une famille de planteurs de cacao, il devint ambassadeur &agrave; 26 ans, d'une C&ocirc;te d'Ivoire tout juste ind&eacute;pendante, puis ministre de l'Economie &agrave; 32 ans de F&eacute;lix Houphou&euml;t Boigny, Baoul&eacute; comme lui, et dont il se revendique le successeur.

- "Il veut sa revanche" -

Sa carri&egrave;re connut un coup d'arr&ecirc;t apr&egrave;s des accusations de corruption, mais il sut rebondir pour devenir pr&eacute;sident de l'Assembl&eacute;e nationale et s'imposer comme le dauphin naturel d'Houphou&euml;t-Boigny et contr&ocirc;ler sans partage le PDCI.
Apr&egrave;s la mort du "Vieux" en 1993, il lui succ&egrave;de au terme d'une lutte de pouvoir face &agrave; Alassane Ouattara, l'actuel pr&eacute;sident.M. B&eacute;di&eacute; d&eacute;veloppe alors le concept nationaliste d'"ivoirit&eacute;", qui veut que les quatre grands-parents d'un Ivoirien soient n&eacute;s dans le pays et qu'il doit y avoir r&eacute;sid&eacute; les cinq derni&egrave;res ann&eacute;es pour &ecirc;tre &eacute;ligible, pour &eacute;carter de l'&eacute;lection pr&eacute;sidentielle de 1995 M. Ouattara, &agrave; l'&eacute;poque haut responsable du Fonds mon&eacute;taire international (FMI) et domicili&eacute; aux Etats-Unis.
Une fois &eacute;lu, sans grand adversaire, HKB surfe sur le nationalisme mais sa pr&eacute;sidence, min&eacute;e par la corruption, s'effondre en quelques heures &agrave; No&euml;l 1999 face &agrave; une mutinerie de soldats qui se transforme en putsch militaire, le premier de l'histoire du pays.
"Aujourd'hui, il veut sa revanche sur ce putsch qu'il a mal g&eacute;r&eacute;.Il veut aussi sa revanche sur Ouattara, qu'il a soutenu (en 2010) mais qui n'a pas selon lui respect&eacute; son engagement de redonner le pouvoir au PDCI en 2020.Il ne veut pas rester dans l'histoire comme celui qui a perdu le pouvoir du PDCI d'Houphou&euml;t", estime un observateur.
Amateurs de cigares et de bons vins, HKB, que beaucoup d&eacute;crivent comme "tr&egrave;s pr&egrave;s de ses sous", s'&eacute;tait en effet alli&eacute; avec son ancien ennemi en 2005 pour cr&eacute;er une alliance &eacute;lectorale, le Rassemblement des houphou&euml;tistes pour la d&eacute;mocratie et la paix (RHDP).
Troisi&egrave;me de la pr&eacute;sidentielle de 2010 derri&egrave;re Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, B&eacute;di&eacute; tient son engagement et soutient activement ce dernier pendant toute la crise post-&eacute;lectorale (2010-2011) qui a fait pr&egrave;s de 3.000 morts en quelques mois.
Apr&egrave;s une lune de miel (Ouattara a m&ecirc;me fait baptiser le troisi&egrave;me pont d'Abidjan du nom de B&eacute;di&eacute;) avec le chef de l'Etat, qu'il soutient encore &agrave; la pr&eacute;sidentielle de 2015, HKB s'est &agrave; nouveau brouill&eacute; avec lui en 2018, en raison de la pr&eacute;sidentielle d'octobre prochain.
Une fois officiellement investi par son parti, M. B&eacute;di&eacute; devra convaincre les &eacute;lecteurs &agrave; la pr&eacute;sidentielle d'octobre qu'&agrave; 86 ans, il n'est pas trop vieux pour diriger le pays.