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Le président sud-soudanais, Salva Kiir, et son vieux rival Riek Machar partagent à nouveau tant bien que mal le pouvoir, mais la marche vers la paix sera encore longue et périlleuse pour leur pays, après six années d'une guerre civile destructrice.

Chef de la principale r&eacute;bellion au Soudan du Sud, M. Machar est redevenu samedi vice-pr&eacute;sident, pour la troisi&egrave;me fois depuis l'ind&eacute;pendance en 2011 et conform&eacute;ment &agrave; un accord de paix conclu en 2018.
Il a donn&eacute; l'accolade &agrave; M. Kiir, auquel l'oppose pourtant une inimiti&eacute; visc&eacute;rale &agrave; l'origine de tous les maux r&eacute;cents de leur pays, et qui a pour sa part proclam&eacute; "la fin officielle de la guerre".
"C'est une &eacute;tape cruciale, mais ce n'en est qu'une dans le tr&egrave;s long parcours qui attend le Soudan du Sud pour sortir du conflit", souligne pour l'AFP Alan Boswell, expert aupr&egrave;s de l'International Crisis Group (ICG).
"Les Sud-Soudanais restent tr&egrave;s sceptiques quant aux chances de voir ces deux dirigeants travailler ensemble et non l'un contre l'autre", ajoute-t-il.
L'annonce jeudi d'un accord sur la formation d'un gouvernement d'union nationale n'est intervenue que sous forte pression internationale et &agrave; quelques heures de la date butoir fix&eacute;e au 22 f&eacute;vrier, apr&egrave;s le report des deux &eacute;ch&eacute;ances&nbsp;pr&eacute;c&eacute;dentes.
Pour y parvenir, les deux leaders ont d&ucirc; se r&eacute;soudre &agrave; des concessions de derni&egrave;re minute, salu&eacute;es par les partenaires internationaux.
La proposition de M. Kiir de revenir &agrave; un syst&egrave;me f&eacute;d&eacute;ral de 10 &Eacute;tats, au lieu de 32, a ainsi contribu&eacute; &agrave; d&eacute;bloquer la situation.M&ecirc;me si son choix d'y ajouter trois "zones administratives" (Ruweng, Pibor et Abyei), dans des r&eacute;gions p&eacute;troli&egrave;res, a &eacute;t&eacute; initialement mal accueilli par M. Machar.

- De nombreux motifs de dissension -

Et ce dernier a en retour pris le risque de sacrifier &agrave; sa s&eacute;curit&eacute; personnelle, en acceptant qu'elle soit confi&eacute;e aux troupes pr&eacute;sidentielles.
Mais les motifs de dissension restent nombreux.Les deux camps continuent par exemple &agrave; maintenir leurs propres forces arm&eacute;es, le projet de cr&eacute;er une arm&eacute;e nationale unifi&eacute;e forte de 83.000 hommes n'ayant gu&egrave;re avanc&eacute;.
"C'est la confusion totale pour ce qui est des dispositions s&eacute;curitaires", observe M. Boswell.&nbsp;"Les deux camps gardent l'essentiel de leurs forces en r&eacute;serve et ils&nbsp;ont recrut&eacute; abondamment pour garnir leurs rangs".
La situation pourrait d&egrave;s lors facilement "&eacute;chapper &agrave; tout contr&ocirc;le", met en garde l'analyste.
Pour Luuk van der Vondervoort, chercheur au European institute of peace, la question est avant tout de savoir s'il y aura "un v&eacute;ritable partage du pouvoir", car "la derni&egrave;re fois, &ccedil;a n'avait pas &eacute;t&eacute; le cas".
Le Soudan du Sud a sombr&eacute; dans la guerre civile en d&eacute;cembre 2013 lorsque M. Kiir, un Dinka, a accus&eacute; M. Machar, son ex-vice-pr&eacute;sident, membre de l'ethnie nuer, de fomenter un coup d'&Eacute;tat.
Le conflit, marqu&eacute; par des atrocit&eacute;s, dont des meurtres et des viols, a fait en six ans plus de 380.000 morts et provoqu&eacute; une crise humanitaire catastrophique.

- La reconstruction prendra "des g&eacute;n&eacute;rations" -

Un pr&eacute;c&eacute;dent accord de paix avait permis la nomination de M. Machar comme vice-pr&eacute;sident en 2016.Mais l'exp&eacute;rience n'avait dur&eacute; que quelques semaines et s'&eacute;tait sold&eacute;e par d'intenses combats entre ses troupes et celles de M. Kiir &agrave; Juba.
Pour M. Van der Vondervoort, il revient &agrave; la communaut&eacute; internationale de maintenir l'impulsion.&nbsp;"Il faut avoir conscience que derri&egrave;re toutes les images publiques et la rh&eacute;torique de la r&eacute;conciliation, derri&egrave;re les accolades et les sourires, cet accord n'a &eacute;t&eacute; rendu possible que par la pression continue de la r&eacute;gion et des &Eacute;tats-Unis".
Cinq postes de vice-pr&eacute;sidents ont &eacute;t&eacute; attribu&eacute;s, dont celui de premier vice-pr&eacute;sident confi&eacute; &agrave; M. Machar, et les n&eacute;gociations se poursuivent pour la composition du gouvernement.
Certains observateurs veulent voir une lueur d'espoir dans l'apparente volont&eacute; de M. Kiir et Machar de faire des compromis.
"Pour l'instant, nous ne savons pas ce qui se passera car (M.Machar) n'a pas encore pris ses fonctions (...).Mais s'ils continuent &agrave; faire des compromis, alors nous verrons de bonnes choses se passer dans ce pays", estime Abraham Kuol Nyoun, professeur en sciences politiques &agrave; l'universit&eacute; de Juba.
La guerre civile a contraint plus de quatre millions de personnes &agrave; fuir leur foyer.Et, &agrave; l'&eacute;cart des marchandages politiques, quelque 190.000 personnes continuent &agrave; vivre dans des camps plac&eacute;s sous protection de l'ONU, trop apeur&eacute;s pour rentrer chez eux.
Des villes et villages entiers ont &eacute;t&eacute; d&eacute;truits par ce brutal conflit ethnique et pour M. Boswell la reconstruction du pays prendra "des g&eacute;n&eacute;rations".
"Recr&eacute;er une identit&eacute; nationale et favoriser le pardon national prendra beaucoup, beaucoup de temps", ajoute-t-il, remarquant que neuf ans apr&egrave;s l'ind&eacute;pendance les leaders sud-soudanais doivent encore convaincre leur peuple que le "Soudan du Sud peut &ecirc;tre viable et aller de l'avant".

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