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Tchad: le dialogue national sera "souverain" et les décisions "exécutoires" (décret)

Le dialogue national inclusif qui s'ouvre samedi au Tchad, pour déboucher sur des élections que le pouvoir promet "libres et démocratiques", sera "souverain" et ses décisions "exécutoires", selon un décret signé mercredi par le chef de la junte, Mahamat Idriss Déby Itno.

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17 août 2022 à 22h51 par AFP

Mahamat Idriss Déby, arrivé au pouvoir en avril 2021 à la tête d'un Conseil militaire de transition (CMT) au lendemain de la mort de son père, Idriss Déby, avait promis d'organiser un dialogue avec l'opposition civile et armée pour permettre, au terme de la transition, le transfert du pouvoir aux civils et des élections dans un délai de 18 mois, renouvelable une fois. "Le dialogue national inclusif est souverain" et ses résolutions sont "exécutoires", selon un décret signé mercredi. "Le président du Conseil militaire de transition, président de la République, chef de l'État, en est le garant", poursuit le décret. Ce forum de réconciliation nationale s'ouvre le 20 août à N'Djamena après plusieurs reports. Quelque 1.400 délégués, membres de syndicats, de partis politiques et du CMT, se réuniront pendant trois semaines pour discuter de la réforme des institutions et d'une nouvelle Constitution, qui sera ensuite soumise à référendum. Une quarantaine de groupes rebelles, certains ayant mené ces dernières années des offensives qui sont arrivées aux portes du palais présidentiel, seront également présents au dialogue, après avoir signé le 8 août, après cinq mois de négociations parfois houleuses, un accord de paix avec la junte à Doha. Mais deux des principaux groupes rebelles, dont le Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT), à l'origine de l'offensive qui a coûté la vie en avril 2021 à Idriss Déby - lui-même était arrivé au pouvoir par les armes en 1990 avant de diriger le pays d'une main de fer pendant 30 ans -, ont refusé de signer l'accord de Doha. Wakit Tamma, une coalition de partis d'opposition et de membres de la société civile, a également refusé de participer au dialogue, accusant la junte de perpétuer des "violations des droits humains". "Il aurait fallu consacrer le caractère souverain du dialogue dans la charte de transition, car un décret est annulable à tout moment par une volonté unilatérale", a dénoncé Succès Masra, président du parti Les Transformateurs, membre de Wakit Tamma. Mahamat Idriss Déby a dû donner des gages à la communauté internationale à qui il a promis de rendre, sous 18 mois, le pouvoir aux civils, et de ne pas se présenter aux futures élections. Mais le chef de la junte a porté en juin 2021 un premier coup de canif à ses promesses, en envisageant une prolongation de 18 mois de la transition et en remettant son "destin" à "Dieu" sur une éventuelle candidature à la présidentielle.