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Tunisie: Ennahdha maintient une manifestation pourtant interdite

Le parti Ennahdha, principale force politique en Tunisie, a décidé jeudi de maintenir une manifestation prévue le lendemain, jugeant politiquement motivée l'interdiction des rassemblements ordonnée par le gouvernement face à la reprise de l'épidémie de Covid-19.

AFRICA RADIO

13 janvier 2022 à 12h21 par AFP

Annoncée dès le 8 janvier, la manifestation qui doit se tenir vendredi à partir de 13H00 GMT à l'appel d'Ennahdha et d'autres partis vise à marquer le 11e anniversaire de la chute du dictateur Zine el-Abidine Ben Ali le 14 janvier 2011. Or le gouvernement tunisien a annoncé mercredi l'interdiction de tous les rassemblements ou manifestations en public à partir de jeudi dans le cadre d'une série de mesures visant à endiguer la propagation de l'épidémie de Covid-19. Ennahdha, parti d'inspiration islamiste dans le viseur du président Kais Saied qui a suspendu le Parlement et s'est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet, a affirmé "refuser l'instrumentalisation politique de la situation sanitaire et les risques de propagation de l'épidémie de coronavirus pour anéantir ce qui reste des droits et libertés fondamentaux, en tête desquelles la liberté de manifester et la libre expression". "Ennahdha appelle tous ceux qui prévoient de participer aux manifestations du 14 janvier et respecter le protocole sanitaire et les consignes de sécurité", a ajouté le parti dans un communiqué. Cet appel à manifester survient alors que les tensions entre Ennahdha et M. Saied --déjà très vives depuis le coup de force de juillet du président-- sont montées d'un cran après l'arrestation fin décembre et l'hospitalisation sous surveillance policière de l'un des hommes forts du parti, l'ancien ministre de la Justice Noureddine Bhiri. Ennahdha a affirmé mercredi que M. Bhiri, en grève de la faim depuis son arrestation, était "au seuil de la mort". Ses médecins, eux, assurent qu'il est dans un "état stationnaire". Jawhar Ben Mbarek, une figure de la gauche tunisienne à la tête d'un collectif d'opposants à ce qu'ils dénoncent comme un "coup d'Etat" du président Saied, a également appelé à manifester vendredi malgré l'interdiction des rassemblements décidée par les autorités.