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Amnesty appelle l'UE à cesser sa coopération avec la Libye sur la migration

Amnesty International a appelé lundi l'Union européenne à cesser sa coopération avec les autorités libyennes en matière de migration, à l'occasion des cinq ans d'un accord controversé, dénonçant à nouveau les conditions "infernales" de détention des migrants dans ce pays.

AFRICA RADIO

31 janvier 2022 à 15h06 par AFP

L'accord de coopération avec les garde-côtes libyens prévoit l'interception en Méditerranée des migrants qui tentent de rejoindre l'Europe par la mer au péril de leur vie, et leur retour forcé en Libye. Plus de 82.000 personnes au total ont ainsi été ramenées en Libye, selon Amnesty. L'organisation souligne qu'il est "illégal de renvoyer quiconque vers un endroit où il est menacé de graves violations" des droits humains. "Les hommes, femmes et enfants ramenés de force en Libye sont confrontés à des détentions arbitraires, à la torture, à des conditions de détention cruelles et inhumaines, à des viols et des violences sexuelles, à des extorsions de fonds, au travail forcé et à des exécutions extrajudiciaires", énumère l'ONG. "Le gouvernement libyen d'unité nationale (GNU) continue de permettre de nouveaux abus et de renforcer l'impunité, ainsi que le montre la récente nomination de Mohammed al-Khoja comme directeur du département de lutte contre l'immigration irrégulière", accuse Amnesty. M. al-Khoja, qui dirige aussi le centre de détention Tariq al-Sikka, est souvent accusé par des ONG et médias d'abus envers les migrants. "Il est grand temps de mettre un terme à cette approche cruelle, qui démontre un mépris total pour la vie et la dignité de ces gens. A la place, les efforts de sauvetage doivent garantir que les gens sont emmenés dans un lieu sûr", a dénoncé Matteo de Bellis, chercheur sur la migration et l'asile à Amnesty. Plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est devenue une plaque tournante pour des dizaines de milliers de migrants, majoritairement issus de pays d'Afrique subsaharienne, cherchant à gagner l'Europe par les côtes italiennes, distantes de quelque 300 km. L'Italie et la Libye ont signé le 2 février 2017, avec le soutien de l'UE, un accord controversé, mais renouvelé depuis, prévoyant d'aider financièrement et de former les garde-côtes libyens pour bloquer les départs de migrants. Les ONG et l'ONU le dénoncent régulièrement, ainsi que les violations des droits humains commises à l'encontre des migrants. "L'Italie et l'UE doivent cesser de favoriser ces abus effroyables", a déclaré Matteo de Bellis, qui appelle l'Union à "se concentrer plutôt sur l'ouverture de voies légales dont le besoin est urgent pour les milliers de personnes piégées en Libye qui ont besoin d'une protection internationale".