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Corruption: un lanceur d'alerte sud-africain "plus que jamais menacé"

Un lanceur d'alerte sud-africain qui a fui son pays, Athol Williams, entendu dans l'enquête sur la corruption généralisée sous la présidence de Jacob Zuma, se sent "plus que jamais menacé" après la publication cette semaine d'un rapport très attendu.

AFRICA RADIO

7 janvier 2022 à 14h21 par AFP

La première partie des conclusions de la commission du juge Raymond Zondo, chargée d'enquêter sur la corruption sous l'ère Zuma (2009-2018), a été remise mardi au président Cyril Ramaphosa. Le document de plus de 800 pages contient près de quatre ans de témoignages. Le rapport complet doit être remis d'ici fin février et le chef d'Etat devra annoncer d'ici juin d'éventuelles poursuites. "Je suis plus en danger que jamais", a déclaré M. Williams lors d'une conférence de presse en ligne à laquelle il a participé depuis un endroit gardé secret. "Je suis en danger et je ne sais pas d'où il viendra". En mars 2020, l'ancien consultant pour l'entreprise de conseil en stratégie basée aux Etats-Unis, Bain, a témoigné devant la commission. Il a mis 39 personnes ou entreprises en cause, établissant des liens directs avec M. Zuma. La société Bain a été embauchée entre 2015 et 2016 par le gouvernement pour restructurer l'administration fiscale (SARS). Le contrat qui devait initialement s'étaler sur six semaines pour près de 150.000 euros (2,6 millions de rands), a finalement duré plus de deux ans pour une somme totale de 9,2 millions d'euros (164 millions de rands), et s'est étendu à de nombreux autres secteurs. Une partie de ces contrats sont soupçonnés d'avoir servi à dissimuler des pratiques fiscales litigieuses de l'ancien président. Se considérant en danger après avoir dénoncé ces pratiques, Athol Williams a quitté le pays en novembre: "Des gens s'organisent pour te faire taire", l'avait mis en garde un contact. Il a demandé une protection aux autorités, mais en vain: "Il y a eu une volonté de me laisser, ainsi que d'autres lanceurs d'alerte, exposé au danger", estime M. Williams. En août, une autre lanceuse d'alerte, Babita Deokaran, 53 ans, employée régionale à la Santé et témoin clé dans une affaire de détournement de plusieurs millions d'euros dans le cadre de contrats d'achats de matériel de protection contre le Covid, a été tuée par balles à Johannesburg. M. Zuma, 79 ans, a été condamné à la prison ferme pour avoir refusé de témoigner devant la commission. Il est en libération conditionnelle depuis septembre pour raison médicale.