Crimes de guerre en Centrafrique: perpétuité requise contre trois accusés

Une peine de prison à perpétuité pour crimes contre l'Humanité a été requise contre trois accusés par la Cour pénale spéciale (CPS), tribunal hybride de magistrats locaux et internationaux en Centrafrique, selon des documents consultés dimanche par l'AFP.

AFRICA RADIO

14 août 2022 à 23h06 par AFP

La CPS, créée en 2015 par le gouvernement sous le parrainage de l'ONU, est chargée de juger les crimes de guerre et contre l'Humanité commis depuis 2003. Elle avait ouvert son premier procès le 25 avril dernier, ajourné dès la première audience sans que les accusés soient entendus, en raison de l'absence de leurs avocats. Issa Sallet Adoum, Ousman Yaouba et Tahir Mahamat, membres d'un des plus puissants groupes armés qui terrorisent les populations depuis des années, les 3R (Retour, Réclamation et Réhabilitation), sont jugés à Bangui pour crimes de guerre et crimes contre l'Humanité, accusés du massacre, le 21 mai 2019, de 46 civils dans des villages du nord-ouest, Koundjili et Lemouna. Un des magistrats "s'est appesanti sur les nombreux témoignages recoupant les faits, permettant ainsi d'étayer les propos ayant mené à l'inculpation des accusés à savoir: les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité", selon un document de la CPS, et "a requis pour l'ensemble des accusés, une peine d'emprisonnement à perpétuité". Un autre magistrat "a démontré la pleine responsabilité des accusés et particulièrement pour le cas de viol dont la loi n'exige de la part de la victime aucun témoin sachant que lors de tels faits, seuls sont présents la victime et le(s) bourreaux". Les travaux de la CPS ont été lancés en octobre 2018 avec les premières enquêtes. Cette cour spéciale est composée de juges et procureurs originaires --outre de Centrafrique-- notamment de France, du Togo et de République démocratique du Congo (RDC). La Centrafrique, deuxième pays le moins développé au monde selon l'ONU, est le théâtre depuis 2013 d'une guerre civile, très meurtrière dans ses premières années mais qui a baissé d'intensité depuis 2018. Elle a opposé dans les premières années des milices à majorité musulmane coalisées au sein de l'alliance Séléka, à d'autres --les anti-balakas--, dominées par les chrétiens et animistes, l'ONU accusant les deux camps de crimes de guerre et contre l'Humanité. Elle se poursuit aujourd'hui entre des groupes armés rebelles, issus des Séléka et anti-balakas parfois réunis, et l'armée du président Faustin Archange Touadéra épaulée par des centaines de paramilitaires russes.