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La tentative d'évasion a tourné court.A peine passée la porte de l'église, l'homme a été rattrapé et reconduit à l'intérieur.La consigne est claire: à l'heure de la lutte contre le coronavirus, pas de sans domicile fixe dans les rues de Pretoria.

"Pauvre gars", murmure le b&eacute;n&eacute;vole qui le raccompagne, "il ne parle pas et personne ne conna&icirc;t son nom..."
Comme lui, une vingtaine de SDF ont pass&eacute; leur premi&egrave;re nuit dans cette &eacute;glise de la capitale sud-africaine.Elle sera leur refuge jusqu'&agrave; la fin du confinement total d&eacute;cr&eacute;t&eacute; dans tout le pays, fix&eacute;e pour l'heure au 16 avril.
Sit&ocirc;t l'ordre pr&eacute;sidentiel entr&eacute; en vigueur, il y a une semaine, les personnes sans abri ont &eacute;t&eacute; ramass&eacute;es dans les rues et rassembl&eacute;es sur un terrain de football de la ville.
"Il n'y avait pas de sanitaires, rien.On dormait dans des tentes ou sur l'herbe", se souvient Johann, 45 ans.Lui-m&ecirc;me a rejoint de son plein gr&eacute; le terrain pour &eacute;chapper &agrave; la police, qui mena&ccedil;ait de l'arr&ecirc;ter.Six jours et six nuits difficiles, pendant lesquelles il a &eacute;t&eacute; vol&eacute; par des drogu&eacute;s.
"J'ai pens&eacute; m'enfuir", confesse-t-il."Le probl&egrave;me, c'est qu'&agrave; chaque fois que la police vous rattrape dans une rue, elle vous ram&egrave;ne l&agrave;-bas".
Aujourd'hui, Johann profite du confort sommaire d'un des lits matelas align&eacute;s dans une salle d'accueil de l'&eacute;glise, &agrave; bonne distance les uns des autres.Dans une autre pi&egrave;ce, les locataires se font servir une bouillie de ma&iuml;s fumante.
Dans toute l'Afrique du Sud, les municipalit&eacute;s n'ont eu que quelques jours pour se conformer &agrave; l'ordre du pr&eacute;sident Cyril Ramaphosa de vider les rues.Leurs structures d'accueil ont &eacute;t&eacute; dress&eacute;es dans la pr&eacute;cipitation.
- 'Quasi-b&eacute;n&eacute;diction' -

Mont&eacute; en quelques heures &agrave; Pretoria, le camp du terrain de foot a accueilli jusqu'&agrave; 2.000 personnes dans des conditions forc&eacute;ment spartiates.&nbsp;
"Tout n'est pas aussi bien qu'on l'aurait souhait&eacute;", conc&egrave;de la porte-parole de la ville, Omogolo Taunyane-Mnguni."On essaie de faire de notre mieux et d'offrir un h&eacute;bergement aussi confortable que possible".
Elle le reconna&icirc;t volontiers, l'aide des organisations caritatives a &eacute;t&eacute; d&eacute;terminante."Honn&ecirc;tement, on n'aurait pas pu y arriver tout seuls".
Dans l'&eacute;glise, Lee Daniels se r&eacute;jouit d'avoir trouv&eacute; un toit.Atteint de scl&eacute;rose en plaques, il en vient m&ecirc;me &agrave; consid&eacute;rer l'&eacute;pid&eacute;mie de Covid-19 comme une "quasi-b&eacute;n&eacute;diction".
"C'est une bonne chose pour moi de venir ici", explique cet ancien d&eacute;corateur de magasins de 49 ans, r&eacute;duit au ch&ocirc;mage &agrave; cause de sa maladie."La nuit derni&egrave;re, j'ai dormi pour la premi&egrave;re fois depuis longtemps sans pilules.Je me suis endormi comme une masse".
"J'imagine &agrave; peine ce qui me serait arriv&eacute; si j'&eacute;tais tomb&eacute; malade" du virus", ajoute-t-il, "dans ma situation...".
L'Afrique du Sud est le pays du continent le plus touch&eacute; par la pand&eacute;mie, avec &agrave; ce jour pr&egrave;s de 1.500 cas d'infections et cinq morts officiellement recens&eacute;s.
De l'autre c&ocirc;t&eacute; de Pretoria, les autorit&eacute;s locales ont transform&eacute; un autre terrain de rugby en centre d'accueil pour environ 300 SDF.Quelques-uns y jouent au football pour passer le temps.
- 'Trouver une place' -

"Ils nous ont ramen&eacute;s ici &agrave; cause de ce corona(virus)", dit l'un d'eux, Katlego Makhubela, 20 ans.Les policiers "nous ont dit que &ccedil;a allait nous tuer", soupire-t-il, "je ne voulais pas me battre avec eux".
Sous la surveillance &eacute;troite de la police, lui et ses compagnons errent entre les tentes avec le repas qui vient de leur &ecirc;tre distribu&eacute;.
"Je ne veux pas retourner dans la rue", assure Katlego Makhubela."Maintenant qu'ils ont nos noms, ils pourraient peut-&ecirc;tre nous trouver un h&eacute;bergement" sur le long terme, "ils voient bien que nous n'avons rien".&nbsp;
Malgr&eacute; les efforts des autorit&eacute;s, de nombreux SDF continuent &agrave; errer dans les rues de Pretoria, &agrave; fouiller les poubelles pour y trouver de quoi manger ou &agrave; mendier aux carrefours des rues d&eacute;sertes.
Ronald Kunene, 25 ans, n'est rest&eacute; que trois jours dans le camp de fortune ouvert par les autorit&eacute;s.Il a pr&eacute;f&eacute;r&eacute; repartir sous un pont, m&ecirc;me s'il a peur d'&ecirc;tre contamin&eacute; par ses compagnons de rue.
"C'est une maladie tr&egrave;s dangereuse.Je mets un gant pour faire la manche", se rassure-t-il, "comme &ccedil;a il n'y a pas de contact avec le coronavirus".
Mais faute de circulation pour cause de confinement, les mendiants peinent &agrave; r&eacute;cup&eacute;rer quelques pi&egrave;ces.
"Je suis l&agrave; depuis 6h ce matin, je n'ai que 2 rands", grommelle Ronald Kunene, qui assure qu'il en ramasse jusqu'&agrave; 300 (15 euros) les bons jours au m&ecirc;me endroit."J'esp&egrave;re que ce coronavirus va vite dispara&icirc;tre et que les choses vont revenir &agrave; la normale".

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