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Applaudi lorsqu'il a plong&eacute; son pays sous confinement pour enrayer la pand&eacute;mie de coronavirus il y a deux mois, le pr&eacute;sident sud-africain Cyril Ramaphosa a lentement vu son &eacute;toile p&acirc;lir, au point de devenir la cible de toutes les critiques.
"Initialement, tout le monde a approuv&eacute; le confinement", r&eacute;sume l'analyste politique Ralph Mathekga."Mais le gouvernement (...) a vu sa l&eacute;gitimit&eacute; s'&eacute;roder quand la population a commenc&eacute; &agrave; s'irriter des mesures les plus strictes".
Avec plus de 30.000 cas et 650 morts, l'Afrique du Sud est le pays d'Afrique subsaharienne le plus touch&eacute; par le Covid-19.
Depuis deux semaines, l'&eacute;pid&eacute;mie a progress&eacute; rapidement.Mais, sous la menace d'une r&eacute;cession historique et d'une grave crise sociale et alimentaire, le chef de l'Etat n'a eu d'autre choix que d'acc&eacute;l&eacute;rer le retour &agrave; la normale.
D&egrave;s lundi, le pays va descendre au niveau d'alerte sanitaire 3, qui sonne le red&eacute;marrage progressif de la plupart des secteurs d'activit&eacute;, de la r&eacute;ouverture des &eacute;coles et des &eacute;glises.
"Le pr&eacute;sident (...) est sous pression de tous les c&ocirc;t&eacute;s et contraint de c&eacute;der", observe Ralph Mathekga.
Sur sa droite, l'Alliance d&eacute;mocratique (DA) a regrett&eacute; que l'assouplissement du confinement intervienne "trop tard pour des millions de Sud-Africains qui ont d&eacute;j&agrave; pay&eacute; le prix fort des h&eacute;sitations du gouvernement".
- Choc &eacute;conomique -

"Ce confinement co&ucirc;te chaque jour 13 milliards de rands (670 millions d'euros) &agrave; notre &eacute;conomie", a ajout&eacute; le patron de la DA, John Steenhuisen, en d&eacute;non&ccedil;ant les d&eacute;cisions de "gens autoritaires" qui "mettent notre d&eacute;mocratie en danger".
Sur sa gauche, le trublion des Combattants pour la libert&eacute; &eacute;conomique (EFF) Julius Malema a lui jug&eacute; l'all&egrave;gement des contraintes trop rapide."Nos grands-m&egrave;res vont mourir comme sont mortes les grands-m&egrave;res d'Italie", a-t-il mis en garde.
Deux ans apr&egrave;s son arriv&eacute;e &agrave; la barre de l'Afrique du Sud, voil&agrave; donc le mod&eacute;r&eacute; Cyril Ramaphosa, 67 ans, pris entre deux feux politiques, &eacute;tant &eacute;cartel&eacute; entre ses devoirs de prot&eacute;ger la sant&eacute; publique et d'assurer la survie de son &eacute;conomie.
En difficult&eacute; depuis la crise financi&egrave;re de 2008, l'Afrique du Sud a &eacute;t&eacute; touch&eacute;e par le virus en &eacute;tat de r&eacute;cession, avec une monnaie en d&eacute;gringolade, un ch&ocirc;mage end&eacute;mique (29%) et un taux de pauvret&eacute; qui en fait le pays plus in&eacute;galitaire du monde, dixit la Banque mondiale.
Et m&ecirc;me si le chef de l'Etat a promis de d&eacute;bloquer une enveloppe de 500 milliards de rands (25 milliards d'euros) pour absorber le choc de la pand&eacute;mie, les experts sont unanimes: les d&eacute;g&acirc;ts seront consid&eacute;rables.
"Des entreprises vont dispara&icirc;tre", pr&eacute;vient l'&eacute;conomiste Sifiso Skenjana, de la firme IQ Business.Le Tr&eacute;sor a d'ailleurs lui-m&ecirc;me anticip&eacute; une saign&eacute;e de 2,5 millions d'emplois et un recul de 30% du niveau des salaires.
Apr&egrave;s les neuf ann&eacute;es de la pr&eacute;sidence calamiteuse de Jacob Zuma (2009-2018), l'ex-syndicaliste devenu millionnaire, Cyril Ramaphosa avait pourtant r&eacute;ussi &agrave; redorer le blason, terni par la corruption, du Congr&egrave;s national africain (ANC).

- "Consensus" -

Sous sa banni&egrave;re, le parti de Nelson Mandela a conserv&eacute; sa majorit&eacute; absolue aux &eacute;lections l&eacute;gislatives de 2019.
Mais &agrave; peine un an plus tard, la pand&eacute;mie de Covid-19 menace d&eacute;j&agrave; l'autorit&eacute; du chef de l'Etat sur le pays et sur son parti.
"S'il ne satisfait pas les milieux d'affaires, la classe moyenne noire et les pauvres, il ne pourra plus compter que sur l'ANC, o&ugrave; il n'a jamais &eacute;t&eacute; appr&eacute;ci&eacute;", estime Ralph Mathekga, rappelant l'existence d'une puissante minorit&eacute; pro-Zuma dans le parti.
Professeure de sciences politiques &agrave; l'universit&eacute; de Stellenbosch, Amanda Gouws pr&eacute;dit, elle, que les qualit&eacute;s de rassembleur de Cyril Ramaphosa lui permettront de sortir de la crise.
"C'est un strat&egrave;ge qui aime unir les gens derri&egrave;re lui", juge-t-elle, "imaginez le d&eacute;sordre qui r&egrave;gnerait si Jacob Zuma &eacute;tait toujours &agrave; la t&ecirc;te du pays..."
La semaine derni&egrave;re, le chef de l'Etat a ainsi reconnu des erreurs dans la gestion de la crise."Certaines mesures que nous avons adopt&eacute;es &eacute;taient peu claires, certaines contradictoires et d'autres mal expliqu&eacute;es", a-t-il conc&eacute;d&eacute;.
Il est toutefois rest&eacute; ferme sur la plus critiqu&eacute;e, l'interdiction de la vente des cigarettes, qu'il a refus&eacute; de lever au nom des "risques sanitaires".Le combat de Cyril Ramaphosa s'annonce difficile, y compris devant la justice.

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