Que s’est-il passé exactement le 8 mai 1945 dans plusieurs villes de l’est algérien?
Il y’ a 80 ans, le 8 mai 1945, la France fêtait la victoire des Alliés contre le nazisme. Mais en Algérie, alors colonie française, c’est un tout autre 8 mai qui se déroule. Profitant de l’euphorie de la célébration de la fin de la Seconde Guerre Mondiale à laquelle certains d’entre eux ont participé aux côtés de la France, des Algériens manifestent pacifiquement pour demander la libération du leader nationaliste Messali Hadj et la fin du colonialisme. Très vite, la situation dégénère, d’abord à Sétif « Un certain nombre de jeunes arborent le drapeau national algérien. Il y a un commissaire de police qui demande à un jeune manifestant de cesser de le brandir, et il refuse, échauffourées et coups de feu et Saal Bouzid, puisqu’on a retenu ce nom parmi les jeunes qui se sont passés ce drapeau dans cette phase un peu confuse, est tué par ce commissaire de police » déclare l’historien Gilles Manceron, spécialiste de la Guerre d’Algérie.
Des émeutes éclatent également dans d’autres villes de l’est algérien, dont Guelma et Kherrata.
Le nombre des victimes algériennes, difficile à établir, est encore sujet à débat 80 ans après : La France parle de 1165 morts algeriens et 102 « Européens » tués. Les autorités algériennes évoquent 45 000 victimes. “La répression va être absolument terrible, il va y avoir d’une part l’utilisation de l’armée, de véritables colonnes infernales, des commandos de colons armés. Il y a cette conjonction qui va amener de véritables chasses à l’homme, avec dans certains endroits, des exécutions sommaires, même dans la rue. » affirme l’historien Alain Ruscio, spécialiste de la décolonisation Pour les historiens, ces massacres constituent le premier acte de la Guerre d'Algérie, qui n'a débuté officiellement que 9 ans plus tard, le 1er novembre 1954
Kateb Yacine raconte le massacre de Sétif du 8 mai 1945 https://t.co/jPmFo1ZH9f @Mondafrique
— Mondafrique (@Mondafrique) May 1, 2025
Les autorités françaises ont beaucoup de mal à évoquer le sujet.
Il faudra attendre le 27 février 2005 pour que, lors d'une visite à l'université de Sétif, Hubert Colin de Verdière, ambassadeur de France à Alger, qualifie les « massacres du 8 mai 1945 » de « tragédie inexcusable ». Ce n'est pas assez pour les anciens combattants, responsables politiques algériens, et associatifs « Ce qui s’est passé en mai juin 1945, c’est un crime contre l’humanité. Personne n’a été poursuivi, personne n’a été condamné. On a besoin de justice" déclare Mehdi Lallaoui, écrivain et réalisateur franco-algérien, président fondateur de l’association Au nom de la Mémoire https://aunomdelamemoire.over-blog.com/
Un déplacement d’élus français en Algérie
Un déplacement d'une trentaine d'élus français est prévu en Algérie pour commémorer les massacres du 8 mai 1945. La délégation, composée de députés et sénateurs comme Laurent Lhardit, Stéphane Peu, ou encore Sabrina Sebaihi, assistera aux cérémonies prévues à Alger le 8 mai, puis à Sétif le 10 mai, pour marquer les 80 ans de ces évènements tragiques. .La journée de commémoration du 8 mai 1945 a été décidée en 2020 par le président algérien Abdelmadjid Tebboune.
La @VilledeStains n’oublie pas l’autre 8 mai 1945 avec les massacres de #Sétif, #Guelma et #Kherrata🇩🇿
— Azzédine TAÏBI (@AzzedineTAIBI) May 4, 2025
Un crime colonial et de guerre !
« Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir »
Frantz-Fanon (1925-1961) pic.twitter.com/7fojG9v5cx
Ecoutez Mehdi Lallaoui
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