Le nom du général Assimi Goïta est désormais indissociable de la politique malienne. Depuis août 2020, cet ancien colonel des forces spéciales a imposé sa marque à la tête de l’État, dans un pays en proie à une crise sécuritaire et politique profonde. À 42 ans, il dirige une transition dont l’issue reste incertaine, tandis que de nouvelles tensions secouent son entourage.
Des forces spéciales au pouvoir
Né en 1983 à Kati, ville-garnison proche de Bamako, Assimi Goïta est issu d’une famille de militaires. Formé à l’École militaire interarmes de Koulikoro, puis au Maroc, il se spécialise dans la lutte antiterroriste et intègre les Forces spéciales. Officier de terrain, il participe à des opérations contre les groupes armés actifs dans le nord et le centre du Mali.
En août 2020, il prend la tête du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) et annonce à la télévision nationale avoir renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta, alors confronté à une forte contestation populaire.
Deux coups d’État en moins d’un an
Moins d’un an plus tard, en mai 2021, Assimi Goïta écarte le président de transition Bah N’Daw et le Premier ministre Moctar Ouane. Dans un discours relayé par la télévision nationale, il déclare qu’il « endosse la charge de président de la transition ».
Son discours de rupture se traduit rapidement par une réorientation diplomatique : rupture avec la France sur le plan militaire, expulsion des forces françaises en 2022, et rapprochement stratégique avec la Russie.
Un style martial et discret
Goïta apparaît rarement dans les médias. Lorsqu’il s’exprime, c’est avec un ton mesuré mais ferme, insistant sur « l’unité nationale » et « l’effort de guerre », comme lors de son allocution du 22 septembre 2023, jour de l’indépendance du Mali.
Sa popularité reste forte auprès d’une partie de la population, notamment urbaine et jeune, qui voit en lui un dirigeant affirmant l’indépendance du pays face aux pressions extérieures. Mais ses détracteurs dénoncent des restrictions aux libertés publiques et un calendrier électoral flou.
Tensions au sommet
Le 7 août 2025, le gouvernement malien a annoncé, dans un communiqué diffusé par l’ORTM et relayé par l’AFP, l’arrestation de plusieurs militaires accusés d’avoir planifié un coup d’État. Les autorités affirment que cette « tentative a été déjouée » et qu’une enquête est en cours. Aucune précision officielle n’a été donnée sur l’identité des personnes interpellées.
Officiellement, la transition devait mener à des élections. Mais le scrutin, initialement prévu en 2024, a été repoussé sine die, « jusqu’au rétablissement complet de la sécurité », selon un communiqué gouvernemental publié en février 2024.
À la croisée des chemins, le général Assimi Goïta avance dans un environnement politique explosif, avec la guerre comme toile de fond et la méfiance comme boussole. Sa capacité à maintenir l’équilibre du pouvoir pourrait déterminer l’avenir du Mali.
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