Des chiffres alarmants à l’échelle nationale
Entre janvier et septembre 2025, plus de 35 000 cas de violences sexuelles contre des enfants ont été enregistrés en RDC, selon le Fonds des Nations unies pour l’enfance. En 2024, près de 45 000 cas avaient été recensés, soit trois fois plus qu’en 2022. L’Unicef souligne que ces chiffres sont très probablement sous-estimés. La peur des représailles, la stigmatisation sociale et l’insécurité généralisée dissuadent de nombreuses victimes et leurs familles de signaler les agressions.
Over 35,000 cases of sexual violence against children were recorded across DR Congo in the first nine months of 2025.
— UNICEF (@UNICEF) December 30, 2025
“Families say that fear of stigma and retaliation often keeps them from reporting the abuse." - @unicefchief
Learn more details of this new report and how… pic.twitter.com/HPnU560lVr
L’est du pays, épicentre des violences
Les provinces orientales du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri concentrent la majorité des cas signalés. Riches en ressources naturelles, ces régions sont marquées par plus de trente ans de conflits impliquant une multitude de groupes armés et de milices.
Selon le rapport, les principaux auteurs de ces violences restent des « groupes armés non étatiques », qui opèrent dans un climat d’impunité quasi totale. Mais les violences ne se limitent pas aux zones de conflit : Kinshasa et la région du Kasaï enregistrent également un nombre élevé de cas, en lien notamment avec la pauvreté et la précarité qui accroissent la vulnérabilité des enfants.
Les filles et les adolescentes en première ligne
Intitulé « Les cicatrices cachées du conflit et du silence », le rapport met en évidence l’impact disproportionné de ces violences sur les filles. Elles représentaient 47 % des survivants en 2024, contre 27 % en 2022. Les adolescentes âgées de 12 à 17 ans constituent la cible principale, mais les garçons, les enfants handicapés et les enfants déplacés sont aussi touchés. Les agressions surviennent aussi bien sur le chemin de l’école ou lors de la collecte d’eau qu’au sein même des foyers, parfois commises par des proches ou des connaissances.
A lire aussi : Burundi : l’ONU lance un appel d’urgence pour accueillir 80.000 réfugiés venus de RDC
Des parcours brisés et une scolarité interrompue
Les conséquences de ces violences sont profondes et durables. De nombreuses victimes abandonnent l’école, notamment après une grossesse ou par crainte du regard de la communauté. « Je voulais devenir infirmière, mais maintenant je reste à la maison. Mes parents disent que les gens vont parler si je retourne en classe », témoigne une adolescente de 16 ans agressée en 2025 dans le Kasaï, citée dans le rapport.
Des aides insuffisantes face à l’ampleur du fléau
L’Unicef alerte également sur le manque criant de moyens pour prendre en charge les victimes. L’accès aux soins reste limité en raison des distances, des coûts et de la fermeture d’espaces sûrs faute de financements. En 2025, les programmes de lutte contre les violences basées sur le genre ne sont financés qu’à 23 %, contre 48 % en 2022. Entre 2022 et 2024, l’Unicef indique avoir aidé plus de 24 200 enfants, mais les coupes budgétaires actuelles menacent directement la continuité de ces services essentiels.
Face à cette situation, l’agence onusienne appelle à une mobilisation accrue des autorités congolaises et de la communauté internationale pour protéger les enfants et mettre fin à un fléau qu’elle qualifie d’« omniprésent » dans le pays.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.