Des excuses après la résurgence de tweets controversés
Dans une déclaration publiée, lundi 29 décembre, sur le compte X de la campagne Free Alaa, Alaa Abdel Fattah, 44 ans, a exprimé ses regrets après la republication d’anciens messages postés sur les réseaux sociaux. « En relisant ces tweets aujourd’hui, je comprends à quel point ils peuvent être choquants et blessants, et je m’en excuse sans réserve », a-t-il écrit, se disant « bouleversé » que ces messages resurgissent au moment même où il retrouvait sa famille pour la première fois en douze ans. Ces tweets, datant de 2010, contenaient notamment des appels à « tuer des sionistes » ou des agents de police, selon leurs auteurs. Leur authenticité n’a toutefois pas pu être vérifiée par l’AFP.
Une tempête politique autour de sa citoyenneté britannique
La polémique a rapidement pris une dimension politique. Plusieurs figures de l’opposition conservatrice ont demandé le retrait de la nationalité britannique d’Alaa Abdel Fattah, obtenue en 2022 alors qu’il était incarcéré en Égypte. « Si j’étais ministre de l’Intérieur, je signerais aujourd’hui un arrêté révoquant sa citoyenneté », a déclaré le député conservateur Chris Philp sur la chaîne ITV, qualifiant le militant « d’ordure méprisable ». Le leader du parti anti-immigration Reform UK, Nigel Farage, a également dénoncé le retour de l’activiste comme une « extraordinaire erreur de jugement », appelant à son expulsion pour des opinions jugées « contraires au mode de vie britannique ».
Un symbole de la révolution égyptienne de 2011
Figure emblématique du soulèvement de 2011 qui avait conduit à la chute du président Hosni Moubarak, Alaa Abdel Fattah a été emprisonné à plusieurs reprises sous les autorités égyptiennes. Arrêté en 2019 pour un message publié sur Facebook évoquant des violences policières, il avait été condamné en 2021 à cinq ans de prison pour « diffusion de fausses informations », une accusation régulièrement utilisée contre les opposants au régime. Il a été libéré en septembre 2025 après avoir été gracié par le président Abdel Fattah al-Sissi, à l’issue d’intenses efforts diplomatiques britanniques, et est rentré vendredi au Royaume-Uni.
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Le gouvernement britannique condamne les propos passés
Vendredi, le Premier ministre travailliste Keir Starmer s’était félicité du retour de l’activiste, affirmant que son cas avait été une « priorité absolue » pour son gouvernement. Mais face aux critiques, le ministère britannique des Affaires étrangères a rapidement pris ses distances, déclarant que le gouvernement condamnait les anciens tweets d’Alaa Abdel Fattah et les jugeait « répugnants ». L’intéressé a expliqué que ces messages reflétaient « la colère et les frustrations d’un jeune homme » dans un contexte marqué par les guerres en Irak, au Liban et à Gaza, ainsi que par la montée des violences policières en Égypte. Il a également dénoncé des interprétations « de mauvaise foi ».
Starmer did his best to secure Alaa’s release but as is the way in the modern world the UK PM ends this dreadful ordeal by thanking the authoritarian dictator President Sisi for granting a pardon. Not a hint that Alaa’s treatment amounted to arbitrary detention and was profoundly… https://t.co/9olp22qJed
— Patrick Wintour (@patrickwintour) December 26, 2025
Inquiétudes de la communauté juive britannique
La controverse a également suscité de vives réactions au sein de la communauté juive britannique. Le Board of Deputies of British Jews a exprimé sa « profonde inquiétude », estimant que les propos extrémistes de l’activiste constituaient « une menace pour les juifs britanniques et le grand public ».
Une libération obtenue au prix d’un long combat familial
Alaa Abdel Fattah avait obtenu la nationalité britannique grâce à sa mère, Laila Soueif, mathématicienne et figure de la gauche intellectuelle égyptienne. Âgée de 69 ans, elle avait mené cette année une grève de la faim de cinq mois pour obtenir la libération de son fils. Alors qu’il entame une nouvelle vie au Royaume-Uni, le militant reste désormais confronté à un débat explosif mêlant liberté d’expression, responsabilité politique et mémoire des luttes passées.
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