Présidentielle en Centrafrique : Faustin-Archange Touadéra en passe de décrocher un troisième mandat

Des bureaux de vote fermés dans le calme 
  

Les bureaux de vote ont fermé dimanche à 18h00 (17h00 GMT) à travers la République centrafricaine pour les élections présidentielle, législatives, municipales et régionales. Le dépouillement a aussitôt débuté. À Bangui, plusieurs responsables de bureaux ont fait état d’un climat apaisé. « L’ambiance a été clémente. Les gens ont pu voter dans le calme, sans incidents », a déclaré à l’AFP Nazaire Patchbale, président du bureau de vote de l’hôtel de ville. 

Des dysfonctionnements dénoncés par des électeurs 

Malgré cette atmosphère globalement calme, des critiques ont émergé sur l’organisation du scrutin. Béranger, 37 ans, a expliqué avoir renoncé à voter après avoir observé des irrégularités. « Certaines personnes, bien que munies de leur carte d’électeur, ont pu voter alors que leurs noms n’apparaissaient pas sur la liste électorale », a-t-il affirmé. À l’inverse, des citoyens inscrits mais dépourvus de carte se seraient vu refuser l’accès au vote. Les résultats provisoires de la présidentielle sont attendus le 5 janvier. 

Touadéra, favori dans un contexte sécuritaire fragile 

Le président sortant Faustin-Archange Touadéra, 68 ans, s’est rendu au bureau de vote du lycée Boganda à Bangui en fin de matinée, escorté par la garde présidentielle, des forces rwandaises et des mercenaires du groupe Wagner. Devant la presse, il a appelé les électeurs à voter « pour permettre à notre pays de se développer, de retrouver la paix et la sécurité ». Selon plusieurs observateurs, l’armée centrafricaine, appuyée par ses alliés, a repris le contrôle de nombreuses régions auparavant tenues par des groupes rebelles, qui avaient perturbé les dernières élections de 2020.

🇨🇫#RCA : Les élections de ce 28 décembre se sont déroulées dans un climat apaisé grâce au dispositif sécuritaire (PISE), mobilisant Forces nationales & MINUSCA pour protéger électeurs et bureaux de vote.

🎥 https://t.co/vyfZgGU97Q #Centrafrique #Élections2025 #Sécurité pic.twitter.com/qF2FdyOdsi

— MINUSCA (@UN_CAR) December 28, 2025

Une opposition divisée et partiellement absente 

Une partie de l’opposition a boycotté le scrutin, dénonçant une « mascarade » et l’absence de dialogue politique. Sept candidatures ont toutefois été validées. Parmi les principaux challengers figurent Anicet-Georges Dologuélé, arrivé second lors des deux dernières présidentielles, et Henri-Marie Dondra, ancien Premier ministre de Touadéra passé dans l’opposition. M. Dologuélé a voté dimanche matin à Bangui, appelant les citoyens à « faire le bon choix pour ne pas le regretter pendant les sept prochaines années ». 

Une Constitution contestée pour un troisième mandat 

Élu une première fois en 2016 puis réélu en 2020 lors d’un scrutin entaché d’accusations de fraude, Faustin-Archange Touadéra est critiqué pour avoir fait adopter en 2023 une nouvelle Constitution lui permettant de briguer un troisième mandat. L’Autorité nationale des élections (ANE) affirme avoir accrédité plus de 1.700 observateurs nationaux et internationaux, notamment de l’Union européenne, de la CEEAC et de l’Union africaine. 

A lire aussi : Élection présidentielle en République Centrafricaine : qui sont les candidats en lice ?

Le pari de la stabilité face à la pauvreté persistante 

Le président sortant se présente comme le « candidat de la stabilité », mettant en avant la reprise du contrôle de près de 90% du territoire national, contre environ 80% aux mains des groupes armés en 2021, selon plusieurs analystes. Il souligne également des avancées en matière d’infrastructures à Bangui, comme la réhabilitation des routes, l’installation de l’éclairage public et la rénovation des systèmes d’évacuation des eaux. Mais la situation sociale reste critique. Environ 71% des Centrafricains vivent sous le seuil de pauvreté, dans un pays confronté à un accès limité aux services de base, au chômage massif et à une hausse continue du coût de la vie.