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Djibouti : "Je connais le système de l’intérieur, j’en ai vu les limites et les dérives” déclare Alexis Mohamed, candidat à l’élection présidentielle d’avril 2026

Actus. Alexis Mohamed est l’ancien conseiller du président djiboutien Ismaïl Omar Guelleh, candidat à l’élection présidentielle d’avril 2026 à Djibouti. Il était l’invité d’Africa Radio lundi 22 décembre 2025 à 07h45.

Djibouti :  "Je connais le système de l’intérieur, j’en ai vu les limites et les dérives” déclare Alexis Mohamed, candidat à l’élection présidentielle d’avril 2026
Alexis Mohamed

Ancien proche conseiller d’Ismaïl Omar Guelleh pendant 9 ans, Alexis Mohamed a officialisé sa candidature à l’élection présidentielle d’avril 2026. En rupture ouverte avec le pouvoir, il dénonce un recul démocratique, une « présidence à vie » et un État qu’il juge désormais vidé de sa substance.  

Alexis Mohamed :"Je connais le système de l'intérieur"

 

Une candidature née d’une rupture politique 

Alexis Mohamed assure que sa candidature est le prolongement logique de sa démission, annoncée en septembre dernier. Pendant une décennie, il a conseillé le président djiboutien Ismaïl Omar Guelleh, au pouvoir depuis 1999. Une expérience qui, selon lui, l’a convaincu de la nécessité d’un changement profond. « Ma candidature s’inscrit dans la continuité de ma démission parce que je connais le système de l’intérieur. J’en ai vu les limites, les blocages et les dérives », explique-t-il. 
Le véritable point de rupture intervient avec la réforme constitutionnelle de novembre 2025, qui supprime la limite d’âge et permet au président sortant, âgé de 77 ans, de briguer un sixième mandat. « La modification de la Constitution a été le grand déclic de ma démission, même si je savais déjà qu’il y avait des divergences très profondes sur les deux dernières années », confie-t-il.

 « Une présidence à vie » et un État vidé de sa substance 
  

Dans un pays régulièrement critiqué par les organisations de défense des droits humains et classé 168ᵉ sur 180 pour la liberté de la presse par Reporters sans frontières en 2025, Alexis Mohamed dresse un constat sévère de la situation institutionnelle. « Aujourd’hui, l’État en tant que tel n’existe plus. Les organes publics censés lutter contre la corruption ou contrôler les finances sont devenus des coquilles vides », affirme-t-il, évoquant la Cour des comptes et d’autres institutions qu’il juge neutralisées. 
Pour lui, la levée des garde-fous constitutionnels participe à une concentration extrême du pouvoir et à un affaiblissement durable des contre-pouvoirs. « Je ne suis pas le produit du système, j’en suis devenu le critique » Face à ceux qui l’accusent d’être un pur produit du régime qu’il combat désormais, Alexis Mohamed rejette ces critiques, qu’il attribue directement au pouvoir en place. « C’est le système lui-même qui me critique, pas l’opposition. Le régime cherche à me discréditer comme il l’a toujours fait avec tous ceux qui ont voulu porter un projet politique alternatif », affirme-t-il. Selon lui, cette stratégie vise à masquer l’absence de débat de fond et le « vide absolu » du projet politique du pouvoir. 

A lire aussi : Djibouti : Ismaël Omar Guelleh vise un sixième mandat en 2026

Sécurité, libertés et appel à la communauté internationale 

Actuellement à l’étranger, Alexis Mohamed conditionne son retour au pays à des garanties de sécurité. Il affirme que les arrestations arbitraires et l’exil forcé de nombreux opposants rendent impossible, à ce stade, une campagne libre. « Aujourd’hui, ceux qui osent élever la voix sont soit en prison, soit en exil. La question de ma sécurité personnelle et de la liberté de porter mon projet politique à l’intérieur du pays est primordiale », insiste-t-il. 
Il appelle la communauté internationale à jouer un rôle plus actif. « Elle fait la promotion des valeurs démocratiques et dispose de leviers de pression sur le pouvoir. Il est temps qu’elle prenne ses responsabilités », plaide-t-il. 

Un projet axé sur la limitation du pouvoir 

En cas d’élection, Alexis Mohamed défend un projet fondé sur des principes institutionnels forts : limitation du nombre de mandats présidentiels à deux, recours obligatoire au référendum pour les grandes réformes, fin des privilèges et « retour du pouvoir au peuple ». 
Dans cet État stratégique de la Corne de l’Afrique, qui accueille plusieurs bases militaires étrangères et occupe une position clé sur le détroit de Bab-el-Mandeb, sa candidature entend rompre avec plus de deux décennies de pouvoir sans partage. L’élection présidentielle d’avril 2026 s’annonce déjà comme un test majeur pour l’avenir démocratique de Djibouti. 



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