Présidentielle en Centrafrique : "Aller à ces élections, c’est légitimer une parodie électorale", selon l’ancien premier ministre Nicolas Tiangaye

Actus. Nicolas Tiangaye a été Premier Ministre de la Centrafrique de 2013 à 2014, président du CRPS, la Convention Républicaine pour le progrès social. Il était l’invité d’Africa Radio mardi 14 octobre 2025 à 07h45.

Présidentielle en Centrafrique : "Aller à ces élections, c’est légitimer une parodie électorale", selon l’ancien premier ministre Nicolas Tiangaye
L'ancien Premier ministre centrafricain Nicolas Tiangaye était l'invité d'Africa Radio ce mardi 14 octobre au matin. - Flickr

Ecoutez Nicolas Tiangaye

 

Un scrutin sans suspense selon l'opposition

À deux mois des élections générales prévues le 28 décembre en Centrafrique — combinant présidentielle, législatives, municipales et régionales —, le climat politique reste tendu. Huit candidats se sont déclarés face au président sortant Faustin-Archange Touadéra, mais l’opposition organisée au sein du Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution de mars 2016 (BRDC) a décidé de boycotter le scrutin, dénonçant un processus biaisé et une révision constitutionnelle jugée illégitime. Pour Nicolas Tiangaye, président de la Convention Républicaine pour le Progrès Social (CRPS) et figure de proue du BRDC, le cadre électoral actuel ne garantit ni transparence ni équité : 
« Il s’agit d’aller à des élections transparentes, inclusives, crédibles, qui puissent être l’expression de la volonté populaire. Ce n’est pas le cas puisque la Constitution du 30 août 2023 exclut d’emblée les binationaux et beaucoup de Centrafricains considérés comme n’ayant pas d’origine centrafricaine. Ensuite, il y a les institutions chargées de l’organisation et de la validation des élections, à savoir l’Autorité nationale des élections et le Conseil constitutionnel, qui ne sont pas indépendants, mais à la solde du président Touadéra. » déclare sur Africa Radio Nicolas Tiangaye.

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« Les résultats sont connus d’avance » 

Pour l’ancien Premier ministre (2013–2014), ces élections ne sont qu’une formalité pour le pouvoir en place. Il estime que les institutions électorales et judiciaires sont entièrement contrôlées par le régime et que le scrutin ne servira qu’à consolider un simulacre démocratique : 
« Les résultats sont connus d’avance. C’est le pouvoir en place qui va nommer les députés, qui va dicter à l’ANE et au Conseil constitutionnel les scores à donner à chaque candidat. Il n’y a aucun enjeu. Aller à ces élections, c’est la légitimation d’une parodie électorale. Nous ne pouvons pas accepter cela. » 
Le BRDC, principale coalition d’opposition, a donc choisi de se retirer du processus électoral, une décision qui traduit la méfiance croissante envers un appareil institutionnel perçu comme partisan.

 
Une opposition fragilisée mais déterminée 

Malgré les tensions internes, le BRDC entend poursuivre son combat pour la défense de la Constitution de 2016, adoptée après la transition démocratique qui avait suivi la crise politique et militaire du début des années 2010. Nicolas Tiangaye confirme la récente exclusion d’Anicet-Georges Dologuélé du bloc, candidat à la présidentielle du 28 décembre, accusé de « trahison », mais il refuse d’y voir la fin de l’unité de l’opposition : 
« La division du BRDC est déjà là avec le départ de Dologuélé, mais nous pensons que ceux qui sont restés défendent la Constitution de 2016, qui reflète profondément les aspirations du peuple centrafricain. Nous partons pour des idéaux de justice, de démocratie et de liberté, quelles que soient les difficultés. » 
 

Un horizon politique incertain 

Alors que le pouvoir mise sur un scrutin combiné pour consolider ses institutions, l’opposition dénonce une confiscation du processus démocratique. Le boycott du BRDC pourrait toutefois fragiliser sa représentativité sur la scène politique, au risque de laisser au président Touadéra et à son camp le champ libre. 
Pour Nicolas Tiangaye, la bataille reste avant tout politique et morale : « Nous voulons des élections qui traduisent la volonté du peuple, pas une mise en scène de la démocratie. » 
 
 



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