RDC : les forêts menacées par les dérives du marché du carbone, alerte une ONG britannique

Actus. Un rapport publié mardi 14 octobre par Rainforest Foundation UK met en cause la gestion des projets de compensation carbone forestière en République démocratique du Congo (RDC). L’ONG britannique dénonce des « illégalités généralisées », des violations des droits humains et un manque de transparence dans un secteur pourtant présenté comme un pilier de la lutte contre le changement climatique. Selon l’étude, ces projets profitent peu aux communautés locales et risquent même d’aggraver les conflits autour des terres forestières.

RDC : les forêts menacées par les dérives du marché du carbone, alerte une ONG britannique
Le Parc National des Virunga en République démocratique du Congo - Wikipédia

Avec ses vastes forêts et tourbières qui absorbent des quantités importantes de CO2 chaque année, la RDC se positionne comme un "pays solution" face à la crise climatique mondiale, et a vu proliférer des projets de compensation carbone destinés aux entreprises, selon une étude de Rainforest Foundation UK. Cette dernière révèle "des illégalités généralisées dans l'attribution des projets, des violations des droits humains et d'autres impacts qui sapent les efforts visant à promouvoir une gestion forestière efficace".

Les projets forestiers de captation du carbone "causent des préjudices sociaux, sapent la cohésion sociale et exacerbent les risques de conflits intra et intercommunautaires, d'appropriation par les élites et de violations des droits humains", écrivent les auteurs de ce rapport, qui ont effectué plusieurs missions sur le terrain entre mai et août 2024.

Il existe selon eux "peu de preuves d'avantages concrets pour les populations locales en termes de revenus, d'opportunités économiques ou d'amélioration des moyens de subsistance", et les "financements promis parviennent rarement jusqu'au niveau local". L'étude pointe "un manque flagrant de respect" du consentement des communautés affectées, et l'opacité du secteur.

Les chercheurs de RFUK disent notamment avoir identifié 71 projets de compensation carbone forestière couvrant environ "103 millions d'hectares", soit près de la totalité des forêts tropicales du pays.

L’ONG appelle à un moratoire sur les nouveaux projets carbone

Mais selon eux, "d'autres accords portant sur plus de 80 millions d'hectares dont l'emplacement géographique n'est pas spécifié, ont été signés entre les autorités gouvernementales et des investisseurs privés, beaucoup d'entre eux risquant de se chevaucher sur des projets existants".

Parmi les acteurs du secteur figurent également d'anciennes sociétés d'exploitation forestières ayant reconverti leurs concessions, soulevant des questions sur la valeur réelle de ces projets, beaucoup de ces forêts ayant déjà été déboisées, souligne le rapport.

Face à cette situation, l'ONG britannique appelle les autorités congolaises à imposer un moratoire sur les nouveaux projets de compensation carbone forestière et les concessions de conservation.

Les crédits carbones sont perçus comme un outil indispensable pour empêcher la destruction des forêts tropicale, mais de nombreux projets ont été accusés de vendre des crédits sans valeur à travers le monde.

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