Un front jihadiste qui glisse vers le sud
Les violences jihadistes qui ravagent depuis plus de dix ans le Mali, le Burkina Faso et le Niger s’étendent désormais aux pays côtiers d’Afrique de l’Ouest, selon la dernière étude publiée jeudi par l’ONG Acled. Pour l’organisation spécialisée dans le suivi des conflits, un “nouveau front” se consolide progressivement au niveau des zones frontalières entre le Bénin, le Niger et le Nigeria.
Les trois pays sahéliens voisins restent profondément fragilisés par les offensives de groupes liés à Al-Qaïda et à l’État islamique. Dirigés par des juntes militaires issues de coups d’État, hostiles à la France et désormais tournées vers de nouveaux partenaires, notamment la Russie, ils peinent à contenir la pression jihadiste.
November was the deadliest month in Mali’s #Tombouctou region in two years, as JNIM’s intensified campaign and subsequent operations by the Malian Armed Forces and Africa Corps caused fatalities to surge. Explore in full: https://t.co/klx8pcP0eN pic.twitter.com/tenuKegFzV
— ACLED (@ACLEDINFO) December 10, 2025
Un carrefour stratégique pour JNIM et l’EIS
Tout au long de l’année 2025, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM) et l’État islamique au Sahel (EIS) ont renforcé leur présence dans la zone tri-frontalière, la transformant en un “point névralgique du conflit”, relève Acled. Les théâtres d’opérations sahéliens et nigérians, autrefois distincts, tendent désormais à se rejoindre pour former un espace unique et interconnecté, allant du Mali à l’ouest du Nigeria.
Dans ce cadre, le nord du Bénin — frontalier du Burkina Faso, du Niger et du Nigeria — a connu “son année la plus meurtrière jamais enregistrée”, avec une hausse de près de 70 % du nombre de décès par rapport aux onze premiers mois de 2024. “Le nord du Bénin, la zone des parcs, sous le fleuve Niger, est un point de passage obligé de la logistique et de la mobilité jihadiste et criminelle entre le Nigeria et les pays du Sahel. Si on ne fait rien, on leur laisse la route et la capacité de circulation”, a alerté auprès de l’AFP une source militaire occidentale.
A large-scale JNIM attack on the Malian army base in Soumpi on 7 November became the single deadliest event of 2025 in the Tombouctou region. FAMa repelled the assault with drone strikes, killing several militants. pic.twitter.com/nHuvI8M2c5
— ACLED (@ACLEDINFO) December 10, 2025
Un Sahel toujours sous tension
Malgré des bilans similaires à ceux de 2024 — plus de 10.000 morts au Burkina Faso, au Mali et au Niger — les groupes jihadistes ont intensifié leurs opérations, souligne Acled. Au Mali, une série d’attaques contre des convois de carburant à partir de septembre a provoqué un blocus économique, entraînant une flambée de violences dans les régions de Kayes, Sikasso et Ségou, qui ont atteint leur plus haut niveau depuis le début du suivi statistique en 1997. JNIM et l’EIS ont également accru leurs campagnes d’enlèvements, notamment d’étrangers, avec 22 kidnappings recensés au Mali et 8 au Niger sur la seule année 2025.
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