Face à une flambée sans précédent des attaques jihadistes dans la région du Sahel, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé mardi les pays concernés à dépasser leurs différends pour bâtir une coopération sécuritaire solide. Intervenant en visioconférence devant le Conseil de sécurité, il a insisté sur la nécessité d’établir une plateforme commune entre services de renseignement et forces de sécurité, incluant aussi bien les États de la Cédéao que ceux de l’Alliance des États du Sahel (AES), ainsi que la Mauritanie, le Tchad et l’Algérie.
Selon une analyse de données d’Acled, les attaques menées par des groupes affiliés à Al-Qaïda ou à l’État islamique ont presque triplé en six ans, passant de 1.900 en 2019 à plus de 5.500 en 2024, et déjà 3.800 avant octobre 2025 sur un territoire désormais vaste comme deux fois l’Espagne. Ces violences ont causé près de 77.000 morts, tandis que certaines zones du Mali et du Burkina Faso sont quasiment coupées du reste du pays en raison de blocus armés.
L’AES affirme parler d’une seule voix et se dit "entièrement disposée à coopérer"
S’exprimant au nom de l’AES, l’ambassadeur malien auprès de l’ONU, Issa Konfourou, a réagi aux appels du secrétaire général en soulignant l’importance de retisser la confiance entre les pays de la région. « Il est essentiel de reconstruire la confiance entre les parties prenantes de la région Afrique de l’Ouest », a assuré le diplomate, rappelant que le Mali, le Burkina Faso et le Niger — tous dirigés par des militaires arrivés au pouvoir par des coups d’État — avaient quitté la Cédéao en janvier après la création de l’AES.
L’ambassadeur a toutefois affirmé que l’alliance sahélienne est « entièrement disposée à la coopération avec les pays de la région et l’ensemble des partenaires qui le souhaitent », martelant que la lutte contre la menace jihadiste ne peut être gagnée qu’à travers une coordination régionale efficace et un partage accru du renseignement.
Cette prise de position intervient dans un contexte de fortes tensions politiques entre l’AES et la Cédéao, la première accusant la seconde d’ingérence et de sanctions « injustes », tandis que la Cédéao reproche aux juntes sahéliennes leur rupture des engagements démocratiques. Malgré cela, les deux organisations reconnaissent la nécessité de relancer le dialogue face à l’urgence sécuritaire.
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Pour la Cédéao, la priorité reste la restauration de la confiance. Son commissaire, Omar Alieu Touray, a déploré une « méfiance » généralisée entravant les opérations conjointes, le partage de renseignements ou les patrouilles mixtes. « La confiance est nécessaire pour que les pays collaborent », a-t-il plaidé.
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Le président en exercice de la Cédéao, Julius Maada Bio, a pour sa part proposé un « pacte pour la paix et la résilience au Sahel » impliquant l’ONU et l’Union africaine, soulignant que la région ne surmontera pas seule cette crise multidimensionnelle.
Antonio Guterres a rappelé que les besoins humanitaires pour l’année 2025 atteignent 4,9 milliards de dollars, alors que moins d’un quart de cette somme a été collectée. Le plan humanitaire pour le Mali n’est financé qu’à 16 %, une situation qu’il a jugée « alarmante » au regard de l’effondrement économique provoqué par les blocus jihadistes.
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