Depuis la disparition d’Evgueni Prigojine en août 2023, l’influence russe en Afrique se réinvente, loin des projecteurs du groupe Wagner. C’est ce que révèle une enquête du collectif All Eyes on Wagner (AEOW), publiée le dimanche 10 août 2025, qui dévoile une transition vers une stratégie d’influence discrète mais structurée.
1. Une « armée moins visible mais tout aussi offensive »
Selon AEOW, les acteurs clefs ne sont plus des mercenaires en arme, mais des agences de communication et des organismes conseil pro-Kremlin, issus du secteur privé, mais étroitement connectés aux structures étatiques et sécuritaires russes.
2. African Initiative et ses réseaux d’influence
Parmi ces « officines », figure African Initiative, une agence de presse créée en septembre 2023, dirigée par Viktor Lukovenko, ancien cadre de Wagner, et soutenue par des officiers du FSB selon le Département d’État américain. Elle produit des récits favorables à la Russie, recrute journalistes, blogueurs, influenceurs et finance des relais d’opinion locaux.
3. Une cartographie géographique ciblée
AEOW identifie plusieurs pays en première ligne : Mali, Burkina Faso, Niger et Guinée équatoriale. Des structures locales, telles que « African Initiative Burkina Faso » ou des ONG culturelles comme « La Perspective sahélienne » au Mali, ainsi que « Ensemble main dans la main Niger-Afrique », sont mobilisées pour promouvoir la coopération avec la Russie.
4. Africa Corps : la force militaire réadaptée
Sur le plan militaire, la Russie fait évoluer Wagner vers un système d’influence plus contrôlé, incarné par l’Africa Corps. Positionné sous l’égide du ministère de la Défense russe, ce corps paramilitaire remplace progressivement Wagner en Afrique tout en poursuivant des missions similaires, notamment au Sahel et en République centrafricaine (RCA).
En RCA, Moscou exige le remplacement des mercenaires par l’Africa Corps… mais réclame un paiement en espèces — contre la préférence de Bangui de continuer les compensations via les ressources minières, comme l’or ou l’uranium. Le gouvernement centrafricain résiste à ces nouvelles conditions.
5. Une stratégie hybride, militaire et informationnelle
Cette double dynamique — soft power médiatique d’un côté, présence militaire plus institutionnalisée de l’autre — illustre une stratégie rendue plus durable et plus sophistiquée qu’à l’époque Wagner. L’État russe passe d’une influence brute à une approche plus subtile, combinant propagande, partenariats locaux et appui sécuritaire.
6. Enjeux et perspectives
Cette recomposition de l’influence russe inquiète les observateurs. L’Afrique devient un terrain de rivalité entre puissances, où les anciennes relations avec la France ou les États-Unis sont érodées. La consolidation d’un réseau pro-Kremlin pose des défis à la liberté de l’information, à la souveraineté des États africains et à la stabilité régionale.
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