Le général Assimi Goïta poursuit son ancrage diplomatique vers l’Est. Le chef de la junte au pouvoir au Mali est arrivé dimanche 22 juin en Russie pour une visite officielle de plusieurs jours, au moment où le pays est frappé par une vague d’attaques jihadistes. Selon l’ORTM, la télévision nationale malienne, le président de transition doit s’entretenir avec son homologue russe Vladimir Poutine durant son séjour à Moscou, prévu jusqu’au 26 juin.
La délégation malienne abordera notamment la coopération sécuritaire, énergétique et logistique avec la Russie, devenue le principal partenaire du régime malien depuis la rupture des liens militaires avec la France en 2022.
Départ de Wagner, arrivée d’Africa Corps
Cette visite intervient quelques jours après un tournant stratégique majeur : le départ du groupe paramilitaire Wagner, déployé au Mali depuis 2021, et son remplacement par une nouvelle entité nommée Africa Corps, placée directement sous la tutelle du ministère russe de la Défense.
Ce changement d’acteurs militaires, qui vise à formaliser la présence russe sur le terrain, renforce la dépendance sécuritaire de Bamako envers Moscou. "La coopération russo-malienne s’intensifie", a insisté l’ORTM dans son édition du dimanche, soulignant des partenariats "multi-sectoriels" à l’étude.
Une insécurité persistante et aggravée
Sur le terrain, la situation sécuritaire au Mali ne cesse de se dégrader. Le pays reste confronté à une insurrection jihadiste depuis 2012, menée par des groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’organisation État islamique. Malgré l’arrivée des forces russes, les attaques se sont multipliées ces dernières semaines contre des positions de l’armée malienne.
Des camps militaires, des checkpoints et des convois sont régulièrement visés, notamment dans le nord et le centre du pays. Ce regain de violence met à l’épreuve la stratégie militaire des autorités de transition, qui ont fait de la souveraineté sécuritaire un pilier de leur légitimité depuis les deux coups d’État successifs de 2020 et 2021.
Un basculement stratégique assumé
Depuis leur arrivée au pouvoir, les militaires maliens ont profondément redéfini les alliances internationales du pays. Bamako a rompu avec la France et les partenaires européens, mis fin à la mission de l’ONU (MINUSMA) et a intégré l’Alliance des États du Sahel (AES) aux côtés du Burkina Faso et du Niger, également dirigés par des régimes militaires.
La visite d’Assimi Goïta à Moscou confirme l’alignement stratégique sur la Russie et traduit une volonté de pérenniser cette coopération, bien au-delà de la seule assistance militaire. Une manière pour la junte malienne de réaffirmer son autonomie diplomatique, tout en renforçant ses positions dans un environnement de plus en plus instable.
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