Le Nigeria paralysé par la grève générale, au moins trois manifestants tués

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KANO (Nigeria) (AFP) - (AFP)

Des heurts entre manifestants et policiers ont fait au moins trois morts et des dizaines de blessés lundi au Nigeria au premier jour d'une grève générale qui a paralysé le pays pour protester contre une brutale hausse du prix des carburants.

Ce mouvement d'une durée indéterminée se produit dans un contexte de tension croissante entre chrétiens et musulmans dans le pays le plus peuplé d'Afrique et, lundi, des manifestants ont tenté d'incendier une mosquée dans le Sud à majorité chrétienne.

Le pape Benoît XVI s'est personnellement inquiété lundi de cette montée des violences interconfessionnelles.

Les heurts les plus violents se sont produits à Kano, la métropole du Nord à dominante musulmane, où deux personnes ont été tuées par balles et une trentaine blessées, selon un responsable hospitalier.

 Suite à ces incidents, les autorités locales ont décrété un couvre-feu nocturne dans la ville de 18H00 à 8H00.

Un dirigeant syndical a par ailleurs signalé la mort également par balle d'un troisième manifestant à Lagos, la capitale économique du premier producteur de pétrole d'Afrique.

Si l'activité était largement à l'arrêt dans les grandes villes, la production de pétrole, 2,4 millions de barils par jour, n'a pas été affectée par la grève, ont assuré des responsables du secteur.

A Kano, la police a lancé des grenades lacrymogènes et tiré en l'air contre des milliers de manifestants qui tentaient d'envahir les bureaux du gouverneur de l'Etat, a constaté un journaliste de l'AFP.

Ils ont également tenté d'incendier le domicile du gouverneur de la Banque centrale Lamido Sanusi et mis le feu au bureau du chef de l'administration régionale.

Abdulwahed Omar, président du Congrès national du travail, a déclaré de son coté qu'"une personne a été abattue par la police" lors d'une manifestation de milliers de gens à Lagos, la capitale économique.

Des jeunes y ont bloqué un important axe routier en enflammant des pneus, jetant des pierres sur les policiers.

"Bad Luck Jonathan" (Jonathan la malchance), criaient certains, en détournant le prénom du président nigérian, Goodluck (bonne chance) Jonathan.

 Les rues de Lagos, habituellement embouteillées, étaient complètement vides, à l'exception des manifestants.

A Abuja, la capitale fédérale, d'importantes manifestations ont également eu lieu, rassemblant des milliers de personnes.Le mot d'ordre de grève générale semblait bien suivi dans le pays.

Les syndicats exigent que le gouvernement rétablisse les subventions dont la suppression, le 1er janvier, a entraîné une brusque hausse des prix de l'essence qui affecte la plupart des Nigérians, tant pour les transports que pour l'alimentation des générateurs d'électricité.

Le litre à la pompe est ainsi passé du jour au lendemain de 65 nairas (0,30 euro) à au moins 140 nairas alors que la plupart des 160 millions de Nigérians vivent avec moins de deux dollars par jour.

Le pape dénonce une recrudescence des violences

Cette grogne sociale intervient sur fond de tensions politico-religieuses qui font craindre une escalade des violences entre musulmans et chrétiens qui peuplent à parts égales le Nigeria.

Lundi, des manifestants protestant contre la hausse des prix du carburant ont attaqué une mosquée de Benin City, dans le sud, et un bureau de change tenu par un musulman, faisant plusieurs blessés légers, selon la police.

 Depuis les sanglants attentats du jour de Noël qui avaient fait au moins 49 morts, six nouvelles attaques contre des chrétiens dans le Nord majoritairement musulman ont fait plus de 80 morts.

La majorité de ces raids ont été revendiqués par Boko Haram, un groupe islamiste qui réclame l'application de la charia (loi islamique) dans l'ensemble du pays.

Le pape a déploré lundi que l'objectif de la réconciliation et du respect de "toutes les ethnies et religions" soit encore lointain en Afrique.Benoît XVI a évoqué "en particulier la recrudescence des violences qui touche le Nigeria".

Dimanche, le président Jonathan avait admis pour la première fois que Boko Haram, un groupe assez mystérieux, disposait de soutiens et de sympathisants au sein du parlement, de la justice et des services de sécurité.

Selon lui, les violences antichrétiennes actuelles sont "pires" par leur caractère aveugle et imprévisible que la guerre civile des années 60.

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