Chaque année, vous soutenez des associations qui organisent des réveillons de la solidarité. Près d’une personne sur quatre en France déclare aujourd’hui se sentir seule. Quel regard portez-vous sur cette tendance, notamment pendant les fêtes de fin d’année ?
Cela fait maintenant vingt ans que la Fondation de France est mobilisée sur la question des solitudes. Nous menons notamment une étude avec le Crédoc, la Fondation de France, qui met en lumière cette évolution préoccupante. Il y a encore deux ans, une personne sur cinq se déclarait en situation de solitude ; aujourd’hui, c’est malheureusement une personne sur quatre.
La solitude peut toucher chacun d’entre nous, à la suite d’accidents de la vie, de changements familiaux ou professionnels, de problèmes de santé, du vieillissement ou e
ncore du handicap. C’est donc un sujet qui nous concerne tous.
Depuis vingt ans, avec l’appui d’associations de terrain qui agissent toute l’année auprès des publics les plus isolés, nous organisons ces réveillons solidaires pour que les fêtes de fin d’année riment davantage avec solidarité qu’avec solitude. Ces périodes peuvent être particulièrement difficiles lorsque beaucoup ont la chance de se retrouver avec leurs proches.
Vous allez soutenir 235 initiatives, sélectionnées selon trois critères : un fort ancrage social, la participation active des personnes concernées et la promotion de la mixité sociale. Pourquoi ces choix ?
Ces trois critères constituent un peu la recette qui fonctionne depuis vingt ans. D’abord, il est essentiel de s’appuyer sur des acteurs locaux qui travaillent avec l’ensemble des habitants. L’objectif n’est pas que les personnes isolées se retrouvent à part, mais que la rencontre ait lieu à l’échelle d’un quartier ou d’un village, entre des habitants qui ne se croisent pas forcément.
Ces moments, repas de quartier, ateliers partagés, temps festifs, bénéficient à tout le monde : personnes vulnérables, jeunes, moins jeunes, personnes au chômage, travailleurs, personnes en situation de handicap. C’est un véritable bénéfice pour toute la société, car le lien social est essentiel.
Nous tenons aussi à soutenir des associations qui œuvrent toute l’année, afin que ce premier réveillon puisse être un déclic : le début d’une relation plus durable, d’un engagement dans le temps.
La participation active est également très importante : cuisiner ensemble, préparer la fête, cela efface les frontières entre les personnes, redonne de la dignité et rend le moment plus joyeux. Enfin, le lien social est l’affaire de tous.
Ces réveillons ont lieu dans toute la France, y compris en Martinique ou à La Réunion. Certaines initiatives vous ont-elles particulièrement touchée ?
Oui, par exemple à Saint-Joseph, à La Réunion, avec l’association Kappa, un Noël des seniors est organisé pour des personnes atteintes de pathologies neurodégénératives ainsi que pour leurs proches aidants. C’est un moment très précieux, car il réunit à la fois les professionnels qui accompagnent ces personnes au quotidien et les familles, amis et aidants qui donnent de leur temps. Cela permet de valoriser leur engagement et de créer de beaux moments partagés.
Il existe aussi de très belles initiatives pour les familles et les enfants, ou encore en métropole, en zones rurales comme urbaines : des repas pour des personnes sans domicile, des rencontres entre habitants et personnes marginalisées, des temps intergénérationnels, des échanges de cadeaux et d’attentions très touchants.
Quels sont aujourd’hui les publics les plus touchés par la solitude ?
Malheureusement, cela touche toutes les couches de la société. Par exemple, à Saintes, l’association Quentin organise un moment festif pour des demandeurs d’asile, des réfugiés, d’anciens hébergés et des personnes accompagnées. Plus on est vulnérable ou précaire, plus le sentiment de solitude se cumule avec d’autres difficultés.
Mais la solitude peut concerner tout le monde, à la suite d’un accident de vie ou d’un moment difficile. À la Fondation de France, nous portons toutefois une attention particulière aux personnes les plus vulnérables, car aller vers les autres est souvent plus compliqué pour elles. C’est pourquoi nous nous appuyons sur des associations de proximité, qui savent instaurer la confiance et créer des rencontres sécurisées et conviviales.
Depuis que vous soutenez ces réveillons solidaires, observez-vous une évolution ?
Oui, il y en a de plus en plus, et c’est une bonne nouvelle. Nous avons reçu près de 400 candidatures cette année, pour 235 projets retenus. Le choix a été difficile, mais nous avons la chance de pouvoir compter sur des bénévoles et des instructeurs pour nous accompagner.
Cela montre que cette approche fonctionne et peut se déployer ailleurs. Ces réveillons sont souvent le point d’orgue d’un travail mené toute l’année par les associations.
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