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"Nous avons constaté que beaucoup d’étudiants passaient les fêtes de fin d’année seuls", explique Florian Rippert, cofondateur de StudHelp

Actus. Jusqu'au 2 janvier, l’association StudHelp a mis en place une plateforme pour organiser des repas solidaires, afin de lutter contre l’isolement des étudiants. En mettant en relation des étudiants seuls pendant les fêtes et des particuliers prêts à les accueillir, l’initiative vise à créer du lien social au-delà de l’aide alimentaire. Florian Rippert, cofondateur de StudHelp, était l’invité d’Africa Radio ce mercredi 24 décembre.

"Nous avons constaté que beaucoup d’étudiants passaient les fêtes de fin d’année seuls", explique Florian Rippert, cofondateur de StudHelp
En 2024, l’association StudHelp a mis en place des repas solidaires pour lutter contre l’isolement des étudiants. - Pexels

À l’occasion des fêtes de fin d’année, vous avez mis en place des repas solidaires pour lutter contre l’isolement des jeunes. Qu’est-ce qui vous a inspiré cette initiative ?

L’association repose sur une mise en relation entre un étudiant dans le besoin et un particulier qui souhaite l’aider en lui offrant des courses. L’objectif est vraiment d’aller au-delà d’un simple don alimentaire : l’aide devient un point d’entrée vers la création de lien social et, souvent, vers une vraie rencontre humaine.

Grâce à ce modèle, nous avons déjà aidé plus de 20 000 étudiants partout en France, avec le soutien de plus de 10 000 particuliers. L’idée des repas solidaires est née à la suite d’un observatoire que nous avons réalisé auprès de nos bénéficiaires l’année dernière. Chaque année, nous menons une enquête, et nous avons constaté que beaucoup d’étudiants passaient les fêtes de fin d’année seuls .

Cela concerne aussi bien des étudiants internationaux, très éloignés de leur famille et qui ne peuvent pas rentrer dans leur pays, que des étudiants français qui n’ont pas les moyens financiers de se payer un billet de train.

Nous avons donc pris conscience que nous avions déjà une communauté très engagée : d’un côté des familles prêtes à accueillir, de l’autre des étudiants isolés qui avaient envie de partager un moment pendant les fêtes. C’est ainsi qu’est née la plateforme des repas solidaires.

Le principe est similaire à celui de Stud Help tout au long de l’année, sauf qu’ici il s’agit d’accueillir un étudiant entre le 22 décembre et le 2 janvier, pour un déjeuner, un goûter ou un dîner. Cela peut se faire chez soi, dans un restaurant, ou même autour d’une visite de ville.

L’an dernier, nous avons organisé plus de 600 repas solidaires partout en France. Cette année, notre objectif est de dépasser les 1 000 repas.


Est-ce que seuls les étudiants bénéficiaires de votre association peuvent s’inscrire, ou la plateforme est-elle ouverte à tous les étudiants isolés pendant les fêtes ?


En priorité, ce sont effectivement nos bénéficiaires, car nous recevons énormément de demandes. Depuis le mois de septembre, nous avons enregistré plus de 4 000 demandes d’aide alimentaire. Mais la plateforme est aussi ouverte à d’autres étudiants qui se retrouvent seuls pendant les fêtes.

Pour les particuliers, c’est aussi une forme d’engagement un peu moins contraignante que les courses régulières. Cela permet de rencontrer des étudiants, de mieux comprendre leur réalité, celle d’une précarité alimentaire souvent accompagnée de fortes contraintes financières. Et bien souvent, ces premières rencontres débouchent ensuite sur un accompagnement plus durable, notamment via l’aide alimentaire classique proposée par StudHelp.


Justement, est-ce que des liens durables se créent entre les familles accueillantes et les étudiants ?


Oui, complètement. Beaucoup de familles qui ont accueilli des étudiants l’année dernière sont restées en contact avec eux. Certaines continuent à les aider avec des courses, d’autres se voient simplement pour un café ou prennent régulièrement des nouvelles.

Je peux vous donner quelques exemples marquants :

L’an dernier, une dame a accueilli sept étudiants de nationalités différentes le soir du 31 décembre. Je l’ai eue au téléphone ce matin même, et elle s’est réinscrite cette année pour accueillir quatre étudiants au réveillon de Noël.

Une autre personne a invité deux étudiants qui ne se connaissaient pas, l’un d’Amérique du Sud, l’autre d’Asie, puis leur a fait visiter Montmartre et le 18ᵉ arrondissement de Paris. Le 26 décembre prochain, une autre famille organise une raclette party pour trois ou quatre étudiants qui ne se connaissent pas non plus.

L’objectif est vraiment de s’adapter aux envies de chacun, et en face, nous avons énormément d’étudiants isolés qui attendent simplement cette mise en relation.


L’an dernier, vous avez comptabilisé 411 accueillants et plus de 600 repas. Comment cela se situe-t-il par rapport aux années précédentes ?


La plateforme des repas solidaires a été lancée l’année dernière, c’était donc une première édition, presque une phase de test. Nous voulions voir comment les étudiants allaient réagir, et s’il y aurait suffisamment de personnes prêtes à les accueillir.

Et très honnêtement, ça a dépassé nos attentes. Nous avons constaté un véritable engouement, notamment de la part de personnes retraitées ou elles-mêmes isolées, qui avaient envie de partager un moment pendant les fêtes.

Cette année, nous avons déjà atteint le nombre de familles accueillantes de l’an dernier. Grâce à la médiatisation, nous touchons aussi des personnes qui souhaitent s’engager contre la précarité étudiante mais qui ne connaissaient pas forcément notre action.

Il faut rappeler que plus de 70 % de nos bénéficiaires sont des étudiants internationaux, venant notamment d’Amérique du Sud ou d’Afrique, beaucoup de Béninois, Camerounais, Ivoiriens, très éloignés de leur famille et souvent totalement isolés. Cette plateforme agit donc aussi comme un levier important pour leur santé mentale.


Le pouvoir d’achat est aujourd’hui une préoccupation majeure pour les Français. Selon vous, la solidarité est-elle en recul ou, au contraire, toujours bien présente ?


Notre modèle repose uniquement sur l’engagement citoyen. Nous ne dépendons pas de l’État pour venir en aide aux étudiants : tout repose sur la générosité des particuliers. Certaines personnes donnent 200, 300, voire 350 euros par mois en courses pour des étudiants, sans rien attendre en retour, si ce n’est créer du lien.

Chaque année, nous avons la crainte que l’inflation, qui touche tout le monde, freine cette solidarité. Mais à chaque fois, nous sommes agréablement surpris : des milliers de personnes continuent de nous contacter pour aider. Et ce ne sont pas forcément celles qui ont le plus de moyens.

Nous voyons même des étudiants s’engager à leur tour. Récemment, une jeune femme prénommée Ramatoulaye, aidée par Stud Help en 2021-2022, nous a recontactés après avoir décroché un CDI. Sa première démarche a été de s’inscrire comme donatrice pour aider d’autres étudiants à son tour.

C’est extrêmement fort et motivant pour nous. Cela montre que cette chaîne de solidarité fonctionne, et que rien de tout cela n’a été fait en vain.

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