Une militante emblématique devant les juges
Le procès de Saadia Mosbah, 65 ans, s’est ouvert lundi à Tunis sous haute attention médiatique et militante. Ancienne hôtesse de l’air et présidente de l’association antiraciste M’nemty, elle est accusée d’activités illégales liées à son travail associatif, notamment d’enrichissement illicite et de blanchiment d’argent.
Son organisation a immédiatement rejeté ces accusations, affirmant dans un communiqué que ses activités ont toujours été menées dans le strict respect de la loi et sans financement suspect.
Saadia Mosbah, militante des droits humains tunisienne, a été arrêtée le 07/05. Dans un contexte de montée des politiques xénophobies et des discours racistes, cette grande voix de l’antiracisme en Tunisie paye sans doute le prix de ses engagements.
— Rokhaya Diallo (@RokhayaDiallo) May 10, 2024
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Une enquête ouverte dans un climat de stigmatisation
Selon M’nemty, l’enquête judiciaire a été lancée en mai 2024, alors que les défenseurs des droits humains faisaient l’objet d’attaques virulentes sur les réseaux sociaux. Les militants étaient alors accusés de participer à un supposé complot de « remplacement démographique », une rhétorique qui s’est installée dans le débat public tunisien.
Saadia Mosbah s’est notamment illustrée dans la défense des migrants subsahariens, ciblés après un discours du président Kaïs Saied en février 2023 dénonçant l’arrivée de « hordes de migrants clandestins ».
La défense réclame sa libération provisoire
Lors de l’audience, les avocats de la militante ont dénoncé une détention prolongée et injustifiée. « Mme Mosbah souffre de maladies chroniques et ne représente aucun danger », a plaidé Me Monia El Abed, demandant sa libération provisoire. Me Chawki Tabib a pour sa part affirmé que la durée légale maximale de la détention préventive avait été dépassée. La défense a obtenu le report de l’audience.
Une affaire collective et une scène d’émotion
Au total, neuf personnes sont poursuivies dans ce dossier, dont huit membres de l’association M’nemty, parmi lesquels le fils de Saadia Mosbah. À l’issue de l’audience, ce dernier a demandé l’autorisation d’embrasser sa mère, provoquant une vive émotion dans la salle. Plus largement, plusieurs acteurs humanitaires sont actuellement poursuivis en Tunisie pour aide illégale aux migrants.
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Un contexte politique de plus en plus répressif
Depuis le coup de force du 25 juillet 2021, par lequel le président Kaïs Saied s’est octroyé les pleins pouvoirs, l’opposition et la société civile dénoncent un recul marqué des droits et des libertés. Le procès de Saadia Mosbah apparaît, pour de nombreux observateurs, comme un nouveau symbole de la pression exercée sur les voix critiques et les acteurs associatifs du pays.
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