Libye: la CPI annonce le décès d'un commandant militaire, met fin aux procédures à son encontre
La Cour pénale internationale (CPI) a annoncé mercredi le décès de Mahmoud Mustafa Busayf Al-Werfalli, un commandant militaire en Libye soupçonné de crimes de guerre, et avoir mis fin aux procédures à son encontre.
15 juin 2022 à 18h51 par AFP
La décision de la Cour, qui siège à La Haye, intervient plus d'un an après des informations selon lesquelles Werfalli, un lieutenant du maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'Est du pays, avait été abattu par des hommes armés non identifiés. La Chambre préliminaire "a considéré que le décès de M. Al-Werfalli est établi et décidé que les poursuites engagées à son encontre doivent donc être closes", a déclaré la CPI dans un communiqué, sans indiquer les circonstances de son décès. La décision "fait suite à la notification par l'Accusation du décès de M. Al-Werfalli et à la demande de retrait des mandats d'arrêt, datée du 17 mai 2022", a précisé la CPI, soulignant avoir vérifié "les informations et les éléments fournis par l'accusation, en particulier les déclarations de témoins, les photographies et le matériel des réseaux sociaux". Mahmoud al-Werfalli, visé par deux mandats d'arrêt de la CPI, a été abattu dans sa voiture avec son cousin à Benghazi (Est) le 24 mars 2021, avait à l'époque appris l'AFP de source de sécurité. Né en 1978, le haut responsable était accusé par la CPI de "crimes de guerre, torture, traitements cruels, crimes contre l'humanité et d'autres crimes inhumains". La Cour avait lancé un premier mandat d'arrêt contre lui en août 2017 pour avoir "directement commis et ordonné" le meurtre de 33 personnes lors d'exécutions sommaires de juin 2016 à juillet 2017 dans la région de Benghazi. Il était visé depuis juillet 2018 par un second mandat d'arrêt pour "crime de guerre" en raison d'accusations d'avoir "exécuté par balle 10 personnes devant la mosquée Bi'at al-Radwan à Benghazi" en janvier 2018. Ce qui ne l'a pas empêché d'être promu par le maréchal Haftar lieutenant-colonel en juillet 2019. Deux autres Libyens sont poursuivis par la CPI, Seif al-Islam Kadhafi, fils de l'ex-dictateur Mouammar, et Al-Tuhamy Mohamed Khaled, ex-chef de l'Agence de sécurité intérieure libyenne. Seif al-Islam Kadhafi, dont la candidature à la présidentielle avait été en novembre rejetée par l'Autorité électorale du pays, est recherché depuis 2011 par la CPI pour "crimes contre l'humanité". La présidentielle du 24 décembre et le scrutin législatif prévu un mois plus tard étaient censés tourner la page d'une décennie de chaos et luttes fratricides depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi, tué en 2011 lors d'une révolte populaire, mais elles ont été reportées sur fond de divergences entre camps rivaux. De violents affrontements entre groupes armés ont éclaté la semaine dernière sur la capitale libyenne Tripoli (ouest), trois semaines après la tentative avortée de Fathi Bachagha, soutenu par le Parlement et par l'homme fort de l'Est Khalifa Haftar, de s'emparer du pouvoir à Tripoli, siège du gouvernement intérimaire Abdelhamid Dbeibah.