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Jeudi soir, le Conseil national de s&eacute;curit&eacute; a rendu obligatoire le port du masque dans la capitale &eacute;conomique ivoirienne.Et il a aussi d&eacute;cid&eacute; de leur gratuit&eacute;, une mesure r&eacute;clam&eacute;e par Jean-Baptiste Koffi, pr&eacute;sident de la Conf&eacute;d&eacute;ration des consommateurs (COC-CI).
La COC-CI estime que le masque obligatoire co&ucirc;tera au moins 10 milliards de FCFA (15,2 millions d'euros) par jour aux 26 millions d'Ivoiriens.&nbsp;L'Etat a promis de faire produire des masques en masse mais pour le moment, c'est la p&eacute;nurie.&nbsp;
"L'Etat doit aussi prendre le contr&ocirc;le et homologuer la qualit&eacute;", explique M. Koffi, qui soul&egrave;ve le probl&egrave;me de "l'efficacit&eacute; douteuse" de certains masques.
Car "&eacute;videmment, tous les masques ne se valent pas!Mais tout le monde ne peut pas porter un masque FFP qui filtre les microparticules", souligne Jean-Marie Milleliri, m&eacute;decin &eacute;pid&eacute;miologiste au Programme d'appui aux strat&eacute;gies sociales de C&ocirc;te d'Ivoire.&nbsp;
"Porter un masque c'est mieux que rien.En portant un masque (non homologu&eacute;), on &eacute;vite de contaminer les autres et on se prot&egrave;ge peut-&ecirc;tre un peu.C'est aussi un marqueur de l'int&eacute;r&ecirc;t qu'on porte au Covid, &agrave; la distanciation sociale et aux gestes barri&egrave;re", poursuit-il.

- "Psychose" -

Pour le moment, la C&ocirc;te d'Ivoire est relativement peu touch&eacute;e selon le bilan officiel, avec 444 cas dont trois d&eacute;c&egrave;s.
"2 masques 500" FCFA (65 centimes), crie Roberte en transpirant derri&egrave;re son masque, bravant les gaz des pots d'&eacute;chappement, la chaleur accablante, les chauffards impatients et...le coronavirus.
Elle vend des masques en papier qu'elle ach&egrave;te par lot de 12 au march&eacute; populaire d'Adjam&eacute;."Je fais 500 FCFA de b&eacute;n&eacute;fice par sachet", dit-elle.
Au m&ecirc;me carrefour, d'autres vendeurs proposent des masques en tissu &agrave; 1.000 FCFA (1,5 euro).Dans un quartier plus chic, ces m&ecirc;mes masques co&ucirc;tent le double.
Dans les pharmacies, les masques basiques sont souvent en rupture ou se vendent &agrave; prix d'or : 1.000 voire 1.500 FCFA.
Avec la raret&eacute;, de nombreux masques "artisanaux" sont apparus."J'ai cherch&eacute; des masques &agrave; la pharmacie.Je n'en ai eu qu'un seul.Alors j'en ai achet&eacute; un autre dans la rue.L&agrave;, il y en a", explique Pierre Bertin Thieu, enseignant.
Il manque m&ecirc;me des masques pour le personnel soignant dans les h&ocirc;pitaux, comme l'ont d&eacute;nonc&eacute; des syndicats de la sant&eacute;.&nbsp;
"Il y a une psychose.Le citoyen lambda qui a envie de se prot&eacute;ger, il prend les mesures qu'il veut mais ce n'est pas le minist&egrave;re de la Sant&eacute; qui leur recommande des masques en tissu", affirme Clarisse Kouassi du minist&egrave;re, soulignant qu'il y a une "p&eacute;nurie m&ecirc;me dans les pays d&eacute;velopp&eacute;s".
"Est-ce que le minist&egrave;re va emp&ecirc;cher le couturier de faire son travail?Le minist&egrave;re va aller faire la police devant chaque artisan?", dit-elle.

- "Pas opportuniste" -

Roger Bango, cr&eacute;ateur de mode et directeur de la soci&eacute;t&eacute; Korha, a d&eacute;cid&eacute; de se lancer.L'entreprise vendait environ 1.200 pantalons, vestes et chemises par mois, et employait une cinquantaine de personnes ainsi qu'une centaine de sous-traitants.Mais, avec la crise du coronavirus, il a d&ucirc; mettre tout son personnel au ch&ocirc;mage technique.&nbsp;
"Je suis cr&eacute;ateur.Je connais les tissus.Je voulais faire quelque chose pour lutter contre l'&eacute;pid&eacute;mie.Je voulais fabriquer des masques &agrave; grande &eacute;chelle pour que tout le monde puisse en avoir", explique-t-il.&nbsp;
"Je ne suis pas un opportuniste", se d&eacute;fend Roger Bango, qui veut proposer un produit de qualit&eacute;.Il a &eacute;tudi&eacute; le cahier des charges de soci&eacute;t&eacute;s de certification et cr&eacute;&eacute;e des masques en tissu avec trois &eacute;paisseurs dont un filtre.&nbsp;
"Ce sont des masques qu'il faut bien laver et d&eacute;sinfecter apr&egrave;s trois ou quatre heures d'utilisation", insiste-t-il, soulignant que par ignorance beaucoup r&eacute;utilisent les masques en tissu ou m&ecirc;me en papier sans les d&eacute;sinfecter.&nbsp;
Il a rembauch&eacute; une dizaine d'employ&eacute;s pour produire environ 1.000 masques par jour vendus 1.000 FCFA (1,5 euro), soit moins que certains masques en papier en pharmacie.Il esp&egrave;re qu'ils seront homologu&eacute;s par le minist&egrave;re.&nbsp;
Le gouvernement ivoirien, qui promet de rendre les masques disponibles pour les cinq millions d'habitants d'Abidjan, a annonc&eacute; des dispositions pour "la fabrication par l'industrie locale et l'importation massive de masques".Il reste &agrave; savoir quand ces mesures produiront leurs effets.&nbsp;

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