France 24 et Radio France internationale ont été interdites lundi 17 juin d'antenne pour trois mois au Togo, accusées d'avoir relayé des "propos inexacts et tendancieux" les mobilisations qui ont secoué le pays au début du mois.
"Plusieurs émissions récentes ont relayé des propos inexacts, tendancieux, voire contraires aux faits établis, portant atteinte à la stabilité des institutions républicaines et à l'image du pays", a annoncé la Haute autorité de l'audiovisuel et de la communication (HAAC) du Togo, dans un communiqué.
Dans sa décision, la HAAC pointe trois reportages ou interventions: la diffusion sur France 24 d'une interview dans laquelle "des propos inexacts ont été tenus au sujet de conditions alléguées dans lesquelles l'artiste Aamron aurait été interpellé", des "prises de position publiques de la correspondante régionale de France 24 appelant à la mobilisation contre les institutions républicaines", et des propos relayés dans le journal Afrique et dans une chronique de RFI "présentant un caractère tendancieux".
"Le pluralisme des opinions n'autorise pas la diffusion de contre-vérités ni la présentation partiale de l'actualité. La liberté de la presse ne saurait être synonyme de désinformation ou d'ingérence", poursuit l'institution qui pointe "des manquements répétés et signalés".
Les deux médias ont déclaré lundi soir dans un communiqué conjoint avoir "appris avec surprise" leur suspension "sans préavis", malgré un "contexte de dialogue pourtant soutenu et constructif" avec l'autorité de régulation togolaise.
Cette suspension, une grave atteinte à la liberté de la presse selon Reporters sans frontières
L'ONG Reporters sans frontières (RSF) a de son côté "condamné fermement la suspension arbitraire" des deux médias.
Le directeur du bureau pour l'Afrique subsaharienne de RSF, Sadibou Marong, a "appelé les autorités à lever ces sanctions et à rétablir immédiatement la diffusion" de RFI et France 24, dans un communiqué transmis à l'AFP.
"Ces décisions constituent de graves atteintes à la liberté de la presse et au droit à l'information au Togo. Suspendre les médias internationaux n'effacera pas les tensions politiques traversées par le pays", a-t-il estimé.
Début juin, des manifestations lancées sur les réseaux sociaux par des jeunes et des militants de la société civile ont eu lieu à Lomé pour protester contre le régime.
Le Togo est dirigé depuis 2005 par Faure Gnassingbé, successeur de son père resté près de 38 ans à la tête du pays.
Les manifestants dénonçaient notamment les arrestations de voix critiques, la hausse du prix de l'électricité et la réforme constitutionnelle qui a permis à M. Gnassingbé de consolider son pouvoir.
Ces manifestations avaient notamment été initiées par le rappeur Aamron, critique du pouvoir, qui avait été arrêté fin mai avant de réapparaître dans une vidéo le 5 juin, depuis un hôpital psychiatrique où il présentait des excuses envers M. Gnassingbé.
- Lire aussi : Manifestation du 5 et 6 juin au Togo. "La mobilisation a été beaucoup plus symbolique", analyse l'historien Ekue Gada
Une cinquantaine de personnes ont été arrêtées puis libérées, selon le procureur qui précisait la semaine dernière que "quelques-unes" encore détenues allaient être rapidement présentées au parquet.
Des journalistes qui couvraient les manifestations ont été brièvement interpellés et contraints par les forces de l'ordre d'effacer leurs images.
De nouveaux appels à manifester ont été lancés sur les réseaux sociaux, pour les 26, 27 et 28 juin.
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