“Une affaire intérieure française”
Le chef de la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf, a qualifié dimanche d’“affaire franco-française” le vote par l’Assemblée nationale d’une résolution du Rassemblement national (RN) visant à “dénoncer” l’accord franco-algérien de 1968 sur la circulation, le séjour et l’emploi des ressortissants algériens.
“Sur le fond, cette affaire est une affaire entre l’Assemblée nationale française et le gouvernement français. C’est une affaire intérieure, c’est une affaire franco-française. Elle ne nous concerne pas pour le moment”, a déclaré M. Attaf dans un entretien à la chaîne d’information AL24.
Interview exclusive avec Ahmed Attafhttps://t.co/jzKEsSplWY
— AL24News Français (@AL24Francais) November 2, 2025
Le ministre a ajouté que cette question pourrait concerner Alger uniquement si elle devenait une affaire “de gouvernement à gouvernement”, soulignant que “l’accord de 68 est un accord intergouvernemental” et que “le gouvernement français ne nous a rien dit à ce sujet”. “Nous n’avons rien vu venir et nous espérons ne rien voir venir”, a-t-il conclu.
“Attristant de voir la France instrumentaliser l’histoire d’un autre pays”
Ahmed Attaf a également déploré la dimension politique et électorale qu’a prise, selon lui, le débat sur l’accord franco-algérien en France : “C’est attristant de voir un pays aussi grand que la France faire de l’histoire d’un autre pays, indépendant, souverain, l’objet d’une compétition électorale anticipée.”
Et d’ajouter : “Très sincèrement, j’ai beaucoup de respect pour l’Assemblée nationale française, mais lorsque j’ai vu ce vote, la première pensée qui m’est venue à l’esprit est : ‘la course à l’échalote se poursuit’.”
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Un texte symbolique adopté à une voix près
Jeudi, les députés français ont adopté à une voix près la proposition de résolution du Rassemblement national, grâce au soutien de parlementaires Les Républicains (LR), Horizons et d’une partie de la majorité présidentielle. Le texte, non contraignant, n’a pas de portée juridique directe, mais marque une victoire symbolique pour l’extrême droite française, qui critique depuis longtemps le régime migratoire privilégié dont bénéficient les ressortissants algériens.
Signé en 1968, six ans après la fin de la guerre d’Algérie, l’accord franco-algérien accorde aux Algériens un statut particulier : ils peuvent rester plus de trois mois en France sans visa spécifique et accéder plus facilement à des titres de séjour longue durée, notamment dans le cadre du regroupement familial.
Un contexte diplomatique déjà tendu
Cette controverse s’inscrit dans un climat diplomatique déjà fragilisé entre Paris et Alger. Depuis plus d’un an, les deux capitales peinent à renouer un dialogue apaisé, après la reconnaissance par la France, à l’été 2024, d’un plan d’autonomie “sous souveraineté marocaine” pour le Sahara occidental, une décision vivement critiquée par l’Algérie.
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