La "vigilance" demeure dans le Sahel face à la menace jihadiste malgré l'intervention militaire au Mali, a estimé vendredi dans un entretien à l'AFP le président sénégalais Macky Sall qui a en outre affirmé que les poursuites pour biens mal acquis dans son pays n'ont rien "de politique".
"La menace reste présente dans le Sahel mais elle a été très sérieusement contenue, voire désarticulée.Nous devons rester vigilants et cette vigilance s'impose au Sénégal et à l'ensemble des pays de la sous-région", a déclaré M. Sall.
Le chef de l'Etat sénégalais a rappelé qu'en septembre 2012, "les gens estimaient qu'il n'y avait pas de menace, qu'il fallait attendre la fin 2013 pour envisager la mise en place d'une force internationale", afin d'intervenir dans le nord du Mali pour en chasser les jihadistes qui l'occupaient alors.
"Il a vraiment fallu une forte conviction de la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest), de l'UA (Union africaine) finalement, mais surtout, il faut rendre hommage à François Hollande (le président français) qui a cru et qui s'est battu à nos côtés, celui qui a porté la résolution" de l'ONU autorisant une intervention internationale, sous conditions, au Mali, a-t-il dit.
En janvier, quand des islamistes armés ont avancé du nord vers le sud du Mali, "la France s'est investie, la Cédéao aussi, mais notre action de déploiement ne pouvait se faire immédiatement, la logistique militaire étant ce qu'elle est".
Selon le président sénégalais "il y a eu une très belle synergie" avec la France et les pays ouest-africains "dès que la menace s'est fait sentir".
Il a annoncé que le nombre de soldats sénégalais présents au Mali au sein de la Mission africaine de soutien au Mali (Misma) était passé "de 704 à 800, 815, pour avoir un contingent complet"."Aujourd'hui nos soldats sont précisément à Gao", la plus grande ville du nord du Mali, a-t-il indiqué.
Ils seront intégrés à la Mission de stabilisation de l'ONU au Mali (Minusma, plus de 12.000 hommes) qui doit commencer à se déployer en juillet.
"L'impunité c'est terminé"
Concernant la tenue d'élections au Mali, il a estimé qu'il "faut revenir à une normalité constitutionnelle, il faut que le Mali soit dirigé par un président élu."."D'ici fin juillet, il me semble que les conditions pourraient être réunies", y compris à Kidal, ville du nord malien tenue par la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) qui refuse la présence de l'armée et de l'Etat maliens.
"On est très loin de la situation du Pakistan ou de l'Afghanistan qui ont tenu des élections", selon M. Sall."Il faut quand même relativiser l'instabilité et les difficultés.C'est tout à fait circonscrit" au Mali.
A propos de son pays où des enquêtes ont été ouvertes contre l'enrichissement illicite sous le régime de son prédécesseur Abdoulaye Wade (2000-2012), il a affirmé que "ce serait chercher un bouc-émissaire que de vouloir confiner (cette question) à des considérations politiciennes"."Ca n'a rien à voir avec la politique", a-t-il dit.
Il a indiqué que le fils et ancien ministre de l'ex-président Abdoulaye Wade, Karim Wade, incarcéré depuis le 15 avril à Dakar pour enrichissement illicite présumé pour un montant évalué à un milliard d'euros, "n'est pas la première personne" arrêtée."Ca n'a rien à avoir avec un ciblage.On n'est pas là pour ça.Je suis convaincu que notre justice, dans cette affaire comme dans d'autres, saura dire le droit".
"Le dossier est entre les mains d'une commission de juges d'instruction totalement indépendante et autonome qui appréciera librement" pour voir si dans ce que "les procureurs ont dit, il y a du vrai ou du faux", a-t-il ajouté.
Macky Sall, qui s'est dit "le président le mieux élu en Afrique", a estimé que son gouvernement est "dans une phase de moralisation de la vie publique et comme c'est nouveau, ça dérange.Tout le monde sait maintenant que l'impunité, c'est terminé dans ce pays".
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