Au Cameroun, des chrétiens du Nigeria fuyant Boko Haram reconstruisent leur vie

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TALLAMALLABRAHIM (Cameroun) (AFP) - (AFP)

De jeunes gens transportent sur la tête des ballots de paille, tandis que femmes et enfants préparent la terre qui servira à construire murs et habitations: c'est ici, à Tallamallabrahim au Cameroun, que ces chrétiens nigérians d'origine camerounaise reconstruisent leur vie, après avoir fui les islamistes de Boko Haram.

A ce jour, 48 maisons ont déjà été montées sur une partie des 5 hectares offerts par le chef du village aux arrivants.

Perché sur le toit de l'un des habitats en construction, David Vevet, 30 ans, trois femmes et cinq enfants, assemble de petits troncs d'arbre pour faire la charpente.

"De l'autre côté (au Nigeria), c'est la mort.Ici au village, c'est une nouvelle vie que nous entamons.On recommence tout à zéro", confie M. Vevet, conscient que ce nouveau départ sera "difficile".

Comme lui, la quasi-totalité de ceux qui arrivent dans ce village sont des chrétiens d'origine camerounaise qui étaient installés de longue date au Nigeria voisin, avant de fuir les exactions du groupe islamiste Boko Haram.Ils sont tous passé côté camerounais il y a "25 jours", selon eux.

Le village de Tallamallabrahim, peuplé moitié de chrétiens moitié de musulmans, a offert de les accueillir, à condition qu'ils s'engagent à ne plus retourner au Nigeria, selon leurs dires.

"Les Boko Haram tuaient les chrétiens de ma ville.Je me sentais menacé, en même temps que ma famille", raconte Golime Idara, un homme de 30 ans qui vivait à Konduga, à une vingtaine de kilomètres de Maiduguri, le fief de Boko Haram.

La construction de la maison de M. Idara est terminée et il est sur le point d'aller vers la frontière pour ramener sa famille.

"J'étais fatiguée de voir les morts"

Assise sur une natte près d'un arbre, Mandama, une dame d'une cinquantaine d'années qui vivait autrefois à Bama, ville nigériane réputée pour héberger des jeunes issus du groupe islamiste, a toujours le regard fuyant, encore traumatisée par les "tueries".

"J'étais fatiguée de voir les morts, le sang partout.J'ai fermé les yeux pour ne plus rien voir de tout ça", confie-t-elle.

Plus loin, une autre nettoie un seau devant sa case autour de laquelle sont jetés, çà et là, pilons, marmites, balais, jerricans et nattes.

"Les hommes viennent d'abord ici avec les jeunes pour construire la maison.Lorsqu'elle est terminée, ils retournent à la frontière chercher le reste de la famille", explique Joseph Abba qui vient aussi du Nigeria.

A Tallamallabrahim, une autre dame venue du Nigeria, Doudge Votche, a été logée dans une famille locale et dit être sans nouvelles de son mari depuis six mois: "Je suis persuadée qu'il a été tué par les Boko Haram.Il a disparu un jour où il y avait des tueries dans notre ville".

"Ils demandaient aux gens de devenir musulmans, tuant ceux qui ne voulaient pas", précise-t-elle sans pouvoir contenir sa colère."Le travail de ces gens c'était de tuer, tuer et tuer encore.Ils disaient qu'ils agissaient ainsi au nom de Dieu.Or Dieu n'a jamais demandé de tuer".

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