Guinée: des militants contre un 3e mandat de Condé accueillis en héros à leur retour d'exil

Aux cris de "liberté! liberté!", quatre figures de la mobilisation contre un troisième mandat du président guinéen déchu Alpha Condé ont été accueillis triomphalement à leur retour d'exil samedi à l'aéroport de Conakry.

AFRICA RADIO

18 septembre 2021 à 16h51 par AFP

"Honneur aux patriotes" pouvait-on notamment lire sur des pancartes brandies par la foule de centaines de personnes qui les a attendus pendant de longues heures, a constaté un correspondant de l'AFP. Certains portaient des tee-shirts rouges du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), coalition de mouvements politiques et de la société civile qui a mené la contestation contre le troisième mandat, d'autres arboraient le rouge, jaune et vert du drapeau guinéen. "Nous n'avons pas douté un seul instant qu'on allait gagner ce combat", a déclaré l'un des militants de retour d'exil, Ibrahima Diallo. "Le FNDC sera là comme sentinelle de la démocratie" dans la transition qui s'ouvre après le putsch contre Alpha Condé le 5 septembre, a-t-il dit. "Nous voulons accompagner un processus de transition démocratique qui va aboutir à des élections crédibles et transparentes pour que la Guinée puisse se tourner vers le développement" a-t-il expliqué. Leur retour a été salué par des cris de "liberté" et de "merci au colonel Doumbouya !", en référence au colonel Mamady Doumbouya, chef du "Comité national du rassemblement et du développement" (CNRD) qui a pris le pouvoir après avoir renversé M. Condé. Un autre militant rentré d'exil, Sékou Koundouno, a exprimé son "soulagement que le peuple de Guinée se soit débarrassé du despote Alpha Condé qui avait pris en otage les institutions ainsi que l'armée". Selon un autre de leurs camarades, le rappeur Djani Alpha, "cette transition n'est pas que la transition du CNRD, c'est la transition de tout le peuple de Guinée". "N'oublions pas que pour que nous nous soyons là aujourd'hui, il y a des personnes qui sont tombées. Des personnes sont allées en prison, certains sont sortis mais il y en a encore qui sont en prison", a-t-il souligné. Quelque 80 détenus ont été libérés le 7 septembre sur décision de la junte. Les quatre militants du FNDC se sont ensuite difficilement frayé un chemin dans une foule de plus en plus nombreuse pour rejoindre le cimetière de Bambéto, en grande banlieue de Conakry, où devait se tenir une cérémonie de recueillement pour les dizaines de morts de la répression des manifestations contre le troisième mandat. M. Condé a fait adopter par referendum en mars 2020 une nouvelle Constitution et a invoqué ce changement de loi fondamentale pour se représenter après deux mandats, malgré des mois de contestation réprimée dans le sang. Sa réélection vigoureusement contestée par l'opposition avait été précédée et suivie par de nombreuses arrestations.