La Libye et la Turquie signent un accord de prospection d'hydrocarbures
La Libye et la Turquie ont signé lundi un accord de prospection d'hydrocarbures dans les eaux libyennes, trois ans après avoir conclu un accord de délimitation maritime controversé qui avait suscité l'ire de l'Union européenne (UE).
3 octobre 2022 à 17h36 par AFP
"Nous avons signé un mémorandum d'entente pour la prospection d'hydrocarbures dans les eaux territoriales de la Libye ainsi que sur le sol libyen, par des compagnies turco-libyennes mixtes", a déclaré le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu, lors d'un point presse avec son homologue libyenne Najla al-Mangoush. Ce mémorandum a été signé lors d'une visite effectuée à Tripoli par une délégation turque de haut niveau comprenant notamment les ministres de l'Energie, Fatih Dönmez, de la Défense, Hulusi Akar, et du Commerce, Mehmet Mus. Un accord controversé de délimitation maritime avait été conclu en novembre 2019 entre l'ex-Gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par l'ONU et basé à Tripoli, et le gouvernement turc. Cet accord permet à Ankara de faire valoir des droits sur de vastes zones en Méditerranée orientale, au grand dam de la Grèce et de l'UE. M. Cavusoglu a défendu cet accord et le mémorandum sur les hydrocarbures. Il s'agit d'"une affaire qui concerne deux pays souverains, c'est du gagnant-gagnant pour les deux et les autres pays n'ont pas le droit de s'ingérer dans ces affaires", a-t-il dit. Mme al-Mangoush s'est pour sa part félicitée de l'accord "très important" conclu lundi, affirmant qu'il sert "les intérêts des deux pays" et qu'il est susceptible de contribuer sur le long terme à alléger les pénuries de gaz provoquées par le conflit en Ukraine. - "Illégal" - En contrepartie de l'accord de délimitation maritime de 2019, la Turquie avait aidé le gouvernement de Tripoli à repousser l'offensive, en juin 2020, des forces du maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'Est, pour prendre la capitale. Ankara avait envoyé en Libye des conseillers militaires et des drones, ce qui avait permis d'infliger une série de défaites aux portes de Tripoli aux forces du maréchal Haftar, soutenu par la Russie et par des rivaux régionaux d'Ankara, notamment les Emirats arabes unis et l'Egypte. Depuis mars, deux gouvernements se disputent le pouvoir en Libye, pays ayant sombré dans le chaos après le soulèvement qui a entraîné la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Celui de Tripoli a été mis en place en 2021 dans le cadre d'un processus de paix parrainé par l'ONU, tandis que l'autre est conduit par l'ancien ministre de l'Intérieur, Fathi Bachagha, et soutenu par le camp du maréchal Haftar. Le président du Parlement basé dans l'Est, Aguila Saleh, qui avait retiré sa confiance au gouvernement de Tripoli pour l'accorder à l'exécutif rival dirigé par M. Bachagha, a qualifié l'accord signé lundi d'"illégal et inacceptable". Le gouvernement soutenu par le camp de l'Est l'a lui aussi rejeté, se réservant "le droit de recourir à la justice" pour obtenir son annulation.