En cette fin de matinée du vendredi 6 juin, dans le quartier de Ménilmontant, dans le 20ᵉ arrondissement de Paris, les passants en profitent pour faire leur marché ou retrouver un goût des Antilles à l’épicerie-traiteur Bo Kay Max.
À 11 h, les clients défilent entre les étals d’écorce de cannelle, de christophines, de bananes, les plats cuisinés et les pâtisseries.
Depuis 1960, l’épicerie est devenue une institution pour les amoureux des produits antillais, comme Marie-Andrée.
Depuis 1976, elle vient y faire ses courses, au moins deux fois par mois. Aujourd’hui, elle s’est laissé tenter par des pommes-cannelle, une brioche traditionnelle des Antilles, et des pâtisseries à la banane, à la goyave et à la noix de coco. « On peut trouver ce qu’on veut, surtout quand on n’a pas le temps de descendre aux Antilles », souligne-t-elle.
Pour immortaliser les 65 ans d’existence de cette épicerie, une photo trône au-dessus de l’encadrement de l’espace menant à la cuisine. Dessus, des femmes entourent Max Aratus, qui n’est autre que le père du gérant actuel, Cédric Aratus.
Pendant que les clients remplissent leurs paniers, Cédric est dans l’arrière-boutique en train de préparer des rhums arrangés. L’homme de 44 ans a repris les rênes de cette entreprise, appartenant officiellement à son père depuis les années 1980, en 2010, avec son associé et ami, Bruno Duval. « Depuis que j’ai 13-14 ans, je viens à la boutique. C’était logique que je reprenne le flambeau », confie-t-il.
Avec son associé, ils ont diversifié l’offre de l’épicerie-traiteur pour redonner un nouveau souffle à l’établissement, mais à partir de 2024, les déconvenues s’enchaînent.
D’abord la fermeture pendant trois mois du restaurant pour des travaux, qui leur a fait perdre 250 000 euros de chiffre d’affaires, puis la découverte d’amiante dans l’espace voisin, censé accueillir leur nouveau restaurant. Une découverte qui a retardé les travaux. Pour les finaliser, il leur manque 100 000 euros, dans l’espoir d’ouvrir en septembre.
C’est la vidéo d’une créatrice de contenu, Healthy Alie, publiée en mars dernier, qui a créé un élan de solidarité et attiré l’attention des médias. Un élan qui a surpris le propriétaire et qui a également permis à l’épicerie d’enregistrer une augmentation de son chiffre d’affaires à hauteur de 20 %. « On a des anciens clients, qui venaient il y a plus de 20 ans et qu’on n’avait pas revus, qui sont revenus grâce à la vidéo, explique-t-il. On a aussi de nouveaux clients, des touristes, qui, grâce à la vidéo, viennent nous soutenir pour nous aider à surmonter cette passe difficile », détaille le gérant.
« Ça nous a fait plaisir de voir qu’il y avait autant de monde qui nous soutenait »
Hervé L. fait partie de ces nouveaux clients. Venu de Massy (91), avec sa femme et sa fille, tous trois ont rempli leur panier de pâtisseries, de boudins, et surtout de colombo de cabri, le péché mignon du père de famille. « Je me suis toujours dit : “Bon, je viens voir comment ça se passe.” Puis, le pays me manque », explique l’homme originaire de la Martinique.
Une mobilisation qui touche Cédric, mais aussi Marie-Jeanne, sa plus ancienne collaboratrice. Cela fait 24 ans qu’elle travaille dans l’épicerie, comme vendeuse et préparatrice de commandes.
En train de disposer des pommes-cannelle dans une des vitrines, elle observe que toutes les générations se rendent dans la boutique. « Ça nous a fait plaisir de voir qu’il y avait autant de monde qui nous soutenait », souligne-t-elle, en se remémorant les premiers jours qui ont suivi la publication de la vidéo virale.
Une situation qui redonne espoir à Max Aratus, le père, qui n’a jamais disparu du paysage. Désormais en Martinique, il s’occupe d’envoyer les marchandises à son fils. Il l'appelle tous les jours pour savoir comment la situation évolue. « Comme les clients sont solidaires, il est confiant », souligne Cédric Aratus.
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