L’avocat Mohamed Traoré, enlevé puis relâché
L'avocat Mohamed Traoré a été enlevé dans la nuit du vendredi à samedi à son domicile dans la banlieue de Conakry par des hommes encagoulés qui l'ont maltraité avant de le relâcher au bout de quelques heures, selon le barreau de Guinée. Il était membre du Conseil national de la transition (CNT), l'organe tenant lieu d'Assemblée nationale en Guinée, avant de démissionner début 2025. Connu pour sa liberté de ton, il s'est depuis éloigné de la junte arrivée au pouvoir en 2021 après avoir renversé le président civil Alpha Condé. Selon le barreau, ceux qui s'en sont pris à lui, lui reprochaient de critiquer le pouvoir militaire.
#Guinée
— Amnesty West & Central Africa (@AmnestyWARO) June 23, 2025
🔴Les autorités doivent enquêter sur l'enlèvement à son domicile dans la nuit du 20 au 21 juin par des hommes armés de Mohamed Traoré, avocat critique du pouvoir, relâché quelques heures plus tard après avoir subi des "actes de torture" selon le Barreau de Guinée. pic.twitter.com/1J4UkAeMU9
Le barreau en grève
A l'issue d'une assemblée générale lundi, l'ordre des avocats en Guinée a annoncé à la presse boycotter pour deux semaines les cours et tribunaux pour protester contre son enlèvement, dénonçant "des atteintes graves portées à leur profession".
Le barreau a également décidé du "retrait immédiat" de tous ses représentants dans les institutions et commissions mises en place par le régime. "Nous comptons porter plainte contre les auteurs. Une commission sera mise sur pied à l'effet de suivre cette plainte et pour un aboutissement que nous espérons heureux", a aussi indiqué le porte-parole du barreau, Kémoko Malick Diakité.
De son côté, Mohamed Traoré a annoncé lundi "faire une pause" professionelle à la suite de son enlèvement, pour protéger sa famille. "J'ai compris que je les mettais en danger", a-t-il expliqué dans une lettre partagée sur les réseaux sociaux.
Inquiétudes de l’opposition
L'enlèvement de Mohamed Traoré est le dernier en date d'une longue série de restrictions sévères des libertés instaurées par le régime, dirigée par le général Mamadi Doumbouya et accusée d'exactions régulières. Deux opposants qui réclamaient un retour des civils au pouvoir, Oumar Sylla, alias Foniké Menguè, et Mamadou Billo Bah, sont portés disparus depuis juillet 2024. Un autre opposant, Aliou Bah, a été condamné en appel fin mai à deux ans de prison ferme pour "offense et diffamation" à l'encontre du général Doumbouya.
Des manifestations réclamant le départ des militaires sont régulièrement interdites et plusieurs médias ont été fermés dans le pays.
A lire : Guinée : un opposant condamné à deux ans de prison pour "offense et diffamation" envers Mamadi Doumbouya
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