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Guinée : Mamadi Doumbouya élu président sans suspense après un scrutin boycotté par l’opposition

Actus. Le chef du régime militaire, le général Mamadi Doumbouya, a été largement élu président avec plus de 86 % des voix, selon des résultats provisoires annoncés mardi 30 décembre. Une victoire sans surprise, obtenue au terme d’une élection boycottée par l’opposition et organisée dans un contexte de restriction des libertés, quatre ans après le coup d’État de 2021.

Guinée : Mamadi Doumbouya élu président sans suspense après un scrutin boycotté par l’opposition
Le général Mamadi Doumbouya, élu président de la République de Guinée

Une victoire écrasante pour le général Doumbouya  

Quelque 6,8 millions de Guinéens étaient appelés aux urnes dimanche pour élire leur président, un scrutin présenté par les autorités comme l’aboutissement du retour à l’ordre constitutionnel. Selon la Direction générale des élections (DGE), Mamadi Doumbouya, 41 ans, a recueilli 86,72 % des suffrages, loin devant huit adversaires peu connus du grand public. Abdoulaye Yéro Baldé, leader du Front démocratique de Guinée (Frondeg), arrive en deuxième position avec 6,59 % des voix. La Cour suprême doit encore proclamer les résultats définitifs. La participation, présentée comme le principal enjeu du scrutin, s’élève à 80,95 %, un chiffre révisé à la baisse par rapport à celui annoncé à la fermeture des bureaux de vote. Quatre candidats ont reconnu leur défaite et félicité le vainqueur dès mardi.

Une élection sans campagne et sans figures majeures de l’opposition 
  

En dépit de sa promesse initiale de restituer le pouvoir aux civils à l’issue de la transition, Mamadi Doumbouya s’est porté candidat et a remporté l’élection sans mener de campagne sur le terrain et sans affronter d’opposants de premier plan. 
Les principales figures politiques du pays, dont l’ancien président Alpha Condé et les ex-Premiers ministres Sidya Touré et Cellou Dalein Diallo, tous en exil, n’ont pas été autorisées à se présenter. L’opposition a dénoncé un « simulacre d’élection » et appelé au boycott du scrutin. Dans la capitale Conakry, l’annonce des résultats n’a pas provoqué de manifestations de joie ni de contestation notables, selon les constatations de journalistes de l’AFP. 

Des observateurs rassurés, malgré des inquiétudes persistantes 

Malgré les critiques de l’opposition, les observateurs internationaux ont salué le déroulement globalement calme du scrutin. Dans un communiqué, une mission de l’Union africaine a jugé l’élection « crédible » et évoqué la possibilité de lever les sanctions imposées à la Guinée depuis le coup d’État de septembre 2021. 
La mission a toutefois souligné la nécessité de lutter contre les enlèvements et disparitions forcées, un phénomène régulièrement dénoncé par les organisations de défense des droits humains et qui viserait des figures de l’opposition et de la société civile.

 
Une chape de plomb sur la vie politique guinéenne 

Depuis l’arrivée au pouvoir de la junte, les libertés publiques se sont fortement réduites. Plusieurs partis politiques ont été suspendus, les manifestations sont interdites depuis 2022 et de nombreux opposants ont été arrêtés, condamnés ou contraints à l’exil. Le scrutin présidentiel s’inscrit dans une séquence électorale marquée, en Afrique, par la consolidation de régimes autoritaires et la victoire de dirigeants déjà en place, souvent après l’exclusion de leurs principaux rivaux. 
Une nouvelle Constitution taillée pour le régime 
Fin septembre, les Guinéens ont approuvé par référendum une nouvelle Constitution, boycottée par l’opposition mais validée par les autorités avec un taux de participation officiel de 91 %. Ce texte autorise explicitement les membres de la junte à se présenter aux élections et a permis la candidature de Mamadi Doumbouya. La nouvelle loi fondamentale allonge également la durée du mandat présidentiel de cinq à sept ans, renouvelable une fois. 

A lire aussi et écouter : Présidentielle en Guinée : “Mamadi Doumbouya devra discuter avec l'opposition" selon le chercheur Alseny Thiam

Enjeux économiques et relations internationales 

Contrairement aux régimes militaires du Mali, du Burkina Faso ou du Niger, la Guinée de Mamadi Doumbouya a maintenu de bonnes relations avec la France et ses partenaires internationaux. Le pouvoir met en avant le lancement récent de l’exploitation du gigantesque gisement de fer de Simandou, présenté comme un levier majeur de développement économique. Riche en ressources minières, la Guinée reste pourtant confrontée à une pauvreté massive : 52 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale pour 2024. 

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