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Coronavirus au Nigeria: 18  personnes tuées par les forces de sécurité depuis fin mars

Les forces de sécurité ont tué 18 personnes depuis fin mars au Nigeria, accusées de ne pas avoir respecté les mesures de confinement pour tenter d'enrayer l'épidémie de coronavirus, presque impossibles à appliquer pour les plus pauvres.

La commission nationale de surveillance des droits de l'Homme a enregistr&eacute; 105 actes de violations des droits de l'Homme "perp&eacute;tr&eacute;s par les forces de l'ordre" et "18 personnes tu&eacute;es" dans des ex&eacute;cutions extra-judiciaires, dans un rapport publi&eacute; mercredi soir.&nbsp;
Cet organe officiel a accus&eacute; les forces de s&eacute;curit&eacute; d'un "usage disproportionn&eacute; de la force, d'abus de pouvoir, de corruption et de non-respect des lois nationales et internationales".
Le nombre de personnes tu&eacute;es par les forces de s&eacute;curit&eacute; est plus &eacute;lev&eacute; que celui des victimes d&eacute;c&eacute;d&eacute;es du coronavirus au Nigeria o&ugrave; 407 cas ont &eacute;t&eacute; recens&eacute;s, dont 12 morts.
Depuis le 31 mars, de nombreux Etats au Nigeria ont adopt&eacute; des mesures de confinement, particuli&egrave;rement strictes &agrave; Lagos, Abuja ou dans l'Etat d'Ogun, o&ugrave; la population a l'obligation de rester &agrave; la maison, sauf pour acheter de la nourriture un jour sur deux.&nbsp;
Des vid&eacute;os de violences polici&egrave;res post&eacute;es sur les r&eacute;seaux sociaux, o&ugrave; l'on voit des policiers d&eacute;truire des &eacute;tals de march&eacute;, ou encore tabasser la population ont fait scandale dans le pays, o&ugrave; les forces de s&eacute;curit&eacute; sont r&eacute;guli&egrave;rement accus&eacute;es d'abus de pouvoir et de corruption.&nbsp;
Segun Awosanya, &agrave; la t&ecirc;te d'une puissante organisation de la soci&eacute;t&eacute; civile de surveillance des violences polici&egrave;res (Social Intervention Advocacy Foundation, SIAF) a &eacute;galement d&eacute;nombr&eacute; 18 morts depuis le d&eacute;but du confinement.&nbsp;
Deux personnes ont notamment &eacute;t&eacute; tu&eacute;es mercredi dans l'Etat d'Anambra (sud-est) et un chauffeur de poids-lourd transportant de la nourriture dans l'Etat d'Abia (sud-est) a &eacute;t&eacute; abattu, vraisemblablement pour avoir refus&eacute; de donner un pot-de-vin au barrage de la Nigerian Civil Defense Corps, l'une des nombreuses agences de s&eacute;curit&eacute; dans le pays, selon des t&eacute;moins.&nbsp;
"Mais il pourrait y en avoir bien plus", explique &agrave; l'AFP M. Awosanya, aussi connu sous le nom de "Sega l'Eveilleur"."Ca, ce ne sont que les cas qui nous sont signal&eacute;s par les familles".
La SIAF travaille ensuite avec la police pour proc&eacute;der &agrave; une enqu&ecirc;te interne."Nous avons vu une explosion des plaintes depuis 15 jours, et particuli&egrave;rement de gens arr&ecirc;t&eacute;s et emmen&eacute;s au poste", poursuit l'activiste.&nbsp;
- Tr&egrave;s tendu -

"Tout le monde est tr&egrave;s tendu.La police et les agences de s&eacute;curit&eacute; qui n'ont pas d'&eacute;quipement pour se prot&eacute;ger du virus, aucune s&eacute;curit&eacute;, aucune logistique pour se d&eacute;fendre contre la criminalit&eacute; qui a tr&egrave;s fortement augment&eacute; aussi", conc&egrave;de "Sega l'Eveilleur".&nbsp;
Interrog&eacute; par l'AFP, le porte-parole de la police Frank Mba a regrett&eacute; que "la commission reste trop g&eacute;n&eacute;rale dans ses accusations".&nbsp;
Elle "aurait du donner des d&eacute;tails sur ceux qui ont &eacute;t&eacute; tu&eacute;s par la police, leur nombre exact, leur nom et le lieu de l'incident, ainsi nous pourrions prendre des sanctions ad&eacute;quates", a-t-il d&eacute;clar&eacute; &agrave; l'AFP.&nbsp;
Il a affirm&eacute; que les membres des forces de police coupables d'abus seront punis.
Le Nigeria compte le plus grand nombre de personnes&nbsp;vivant sous le seuil de l'extr&ecirc;me pauvret&eacute; au monde (plus de 87 millions en 2018), selon l'organisation World Poverty Clock.&nbsp;
Les rares aides gouvernementales ne parviennent &agrave; calmer ni la faim ni la col&egrave;re de la population, et la Banque mondiale a mis en garde la semaine derni&egrave;re contre un risque de "crise alimentaire" en Afrique.
La question d'un confinement stricte et obligatoire a soulev&eacute; de tr&egrave;s nombreuses interrogations et critiques en Afrique sub-saharienne o&ugrave; la grande majorit&eacute; de la population d&eacute;pend de l'&eacute;conomie informelle pour se nourrir et o&ugrave; m&ecirc;me la petite classe moyenne ne dispose pas d'&eacute;conomies suffisantes pour vivre sans travailler.
De nombreux incidents ont &eacute;t&eacute; recens&eacute;s sur le continent depuis ces derni&egrave;res semaines.
La police sud-africaine a dispers&eacute; mardi par des tirs de balles en caoutchouc et de gaz lacrymog&egrave;nes des habitants affam&eacute;s d'une banlieue pauvre du Cap (sud-ouest), furieux de ne pas avoir re&ccedil;u de distributions alimentaires.&nbsp;

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