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L'ancien chef d'Etat Laurent Gbagbo, qui ne s'était pas exprimé publiquement depuis son arrestation en 2011, est sorti de sa réserve jeudi à l'avant-veille de la présidentielle en Côte d'Ivoire pour appeler au dialogue, alors que beaucoup d'Ivoiriens redoutent de nouvelles violences autour du scrutin.

Le pr&eacute;sident Alassane Ouattara brigue un troisi&egrave;me mandat controvers&eacute; face &agrave; une opposition qui a appel&eacute; &agrave; la "d&eacute;sob&eacute;issance civile".Depuis trois mois, violences et affrontements intercommunautaires ont fait une trentaine de morts.
"Ce qui nous attend, c'est la catastrophe.C'est pour &ccedil;a que je parle.Pour qu'on sache que je ne suis pas d'accord pour aller pieds et poings li&eacute;s &agrave; la catastrophe.Il faut discuter", a d&eacute;clar&eacute; M. Gbagbo sur TV5 Monde, depuis la Belgique o&ugrave; il attend un &eacute;ventuel proc&egrave;s en appel devant la Cour p&eacute;nale internationale (CPI), apr&egrave;s son acquittement en premi&egrave;re instance de crimes contre l'humanit&eacute;.
"Discutez!N&eacute;gociez!Parlez ensemble!Il est toujours temps de le faire (...).Je suis r&eacute;solument du c&ocirc;t&eacute; de l'opposition.Je dis, vu mon exp&eacute;rience, qu'il faut n&eacute;gocier !", a insist&eacute; l'ancien pr&eacute;sident.
La col&egrave;re, "je la comprends et je la partage"."Pourquoi veut-on faire un troisi&egrave;me mandat?Il faut qu'on respecte ce qu'on &eacute;crit, ce qu'on dit (...) Si on &eacute;crit une chose et qu'on fait une autre, on assiste &agrave; ce qui arrive aujourd'hui", a estim&eacute; M. Gbagbo, 75 ans, &agrave; propos de son ancien adversaire, Alassane Ouattara.&nbsp;
La Constitution ivoirienne n'autorise que deux mandats pr&eacute;sidentiels, mais, selon Alassane Ouattara, l'adoption d'une nouvelle Constitution en 2016 a remis le compteur &agrave; z&eacute;ro, ce que conteste farouchement l'opposition.

- "Pas responsable" de se taire -

La prise de parole de M. Gbagbo &eacute;tait attendue depuis des mois par ses partisans, qui esp&egrave;rent son retour en C&ocirc;te d'Ivoire.
Il ne s'&eacute;tait pas exprim&eacute; lorsque ses proches ont d&eacute;pos&eacute; sa candidature &agrave; cette pr&eacute;sidentielle, ou quand cette candidature a &eacute;t&eacute; invalid&eacute;e par le Conseil constitutionnel ivoirien.
"Depuis mon arrestation le 11 avril 2011, je n'ai pas parl&eacute;, sauf lors de l'interrogatoire devant la CPI (...).J'attendais d'&ecirc;tre en C&ocirc;te d'Ivoire avant de parler (...), mais aujourd'hui je vois que les querelles nous am&egrave;nent dans un gouffre (...).Si je me tais, ce ne serait pas responsable, donc j'ai d&eacute;cid&eacute; de m'exprimer", a-t-il expliqu&eacute;.
De nombreux Ivoiriens craignent une nouvelle crise majeure, dix ans apr&egrave;s la crise post-&eacute;lectorale issue de la pr&eacute;sidentielle de 2010 qui avait fait 3.000 morts dans ce pays d'Afrique de l'ouest de 25 millions d'habitants qui compte une soixantaine d'ethnies.
Mercredi soir, un jeune commer&ccedil;ant a &eacute;t&eacute; poignard&eacute; &agrave; mort dans la commune populaire de Yopougon &agrave; Abidjan, et plusieurs v&eacute;hicules incendi&eacute;s.
L'opposition accuse le pouvoir de faire commettre meurtres et violences par des milices de "microbes", des loubards arm&eacute;s, pour tenter de casser son appel &agrave; la population &agrave; la "d&eacute;sob&eacute;issance civile" et au "boycott actif du processus &eacute;lectoral".
Le pouvoir r&eacute;torque que l'action de ces miliciens est orchestr&eacute;e par l'opposition.
Quelque 35.000 membres des forces de l'ordre ont &eacute;t&eacute; d&eacute;ploy&eacute;s pour assurer la s&eacute;curit&eacute; du scrutin.

- Pas de campagne de l'opposition -

Signe de la f&eacute;brilit&eacute; ambiante, de nombreux Abidjanais quittaient la ville.&nbsp;A une gare d'Adjam&eacute; (quartier Abidjan), point de d&eacute;part pour l'int&eacute;rieur du pays, des dizaines de personnes chargeaient sacs, valises et baluchons sur les bus.
"Je voyage aujourd'hui par rapport a ce qui s'est pass&eacute; la derni&egrave;re fois (la crise de 2010-2011, ndlr).J'ai peur.Je pr&eacute;f&egrave;re rentrer en famille" &agrave; Yamoussoukro, a confi&eacute; &agrave; l'AFP Sandrine Dia Amoin.
Le parti au pouvoir doit cl&ocirc;turer sa campagne par une "parade" dans l'apr&egrave;s-midi dans la grande commune populaire d'Abobo, un de ses fiefs &eacute;lectoraux, avec une intervention annonc&eacute;e du pr&eacute;sident Ouattara.
Le candidat ind&eacute;pendant Kouadio Konan Bertin, 51 ans, outsider du scrutin, doit tenir de son c&ocirc;t&eacute; un meeting dans la commune populaire de Koumassi.
L'opposition, incarn&eacute;e par l'ex-pr&eacute;sident Henri Konan B&eacute;di&eacute;, 86 ans, chef du Parti d&eacute;mocratique de C&ocirc;te d'Ivoire (PDCI), et Pascal Affi N'Guessan, 67 ans, chef d'une partie du Front populaire ivoirien (FPI), le troisi&egrave;me grand mouvement politique du pays, n'a pas fait campagne.Mais les deux hommes ne se sont pas formellement retir&eacute;s du scrutin.
Ouattara, 78 ans, et B&eacute;di&eacute;, 86 ans, vieux rivaux pr&eacute;sents sur la sc&egrave;ne politique ivoirienne depuis trois d&eacute;cennies, s'affrontent donc une nouvelle fois dans un pays o&ugrave; l'&acirc;ge moyen est de 19 ans.
La pr&eacute;sidentielle en C&ocirc;te d'Ivoire fait craindre une nouvelle crise dans une r&eacute;gion &eacute;prouv&eacute;e par des attaques jihadistes incessantes au Sahel, un putsch au Mali et des contestations politiques en Guin&eacute;e et au Nigeria.

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