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Tensions raciales en Afrique du Sud: une petite ville agricole prie

Sud-Africains, blancs et noirs, se sont retrouvés mercredi dans la petite ville agricole de Senekal (centre) pour prier, après une semaine de tensions raciales autour de l'assassinat d'un fermier blanc qui a ravivé des souvenirs, jamais bien enfouis, de l'apartheid.

Yeux clos, se tenant la main, ces dizaines de chr&eacute;tiens install&eacute;s dans des gradins en bois sur un terrain communal ont chant&eacute;, invoquant paix et stabilit&eacute; apr&egrave;s une semaine &eacute;prouvante.
Le corps de Brendin Horner, 22 ans, avait &eacute;t&eacute; retrouv&eacute; au d&eacute;but du mois dans un champ d&eacute;sert, accroch&eacute; &agrave; un poteau, une corde autour du cou.Deux suspects noirs, dont l'un est connu pour de nombreux vols, ont &eacute;t&eacute; arr&ecirc;t&eacute;s dans la foul&eacute;e.&nbsp;
Dans ce coin perdu de la province du Free State, &agrave; 300 km au sud de Johannesburg, les esprits s'&eacute;taient &eacute;chauff&eacute;s lors d'une manifestation, principalement blanche, devant le tribunal o&ugrave; les deux suspects &eacute;taient entendus.&nbsp;
Outre la violence des invectives, la foule en col&egrave;re --rappelant &agrave; de nombreux Sud-Africains un pass&eacute; terrible et pas si lointain-- avait notamment mis le feu &agrave; une voiture de police.&nbsp;Le meneur pr&eacute;sum&eacute; de cette manifestation reste incarc&eacute;r&eacute; pour violences et incitation &agrave; la haine, selon le parquet.
Les deux suspects doivent de nouveau compara&icirc;tre vendredi, faisant craindre un regain de tensions.&nbsp;
Mercredi, le rassemblement bigarr&eacute; de familles en pri&egrave;re --noirs, blancs et "coloured", cette cat&eacute;gorie raciale propre &agrave; l'histoire sud-africaine qui rassemble m&eacute;tis, origines indiennes et autres -- brandissait des pancartes appelant &agrave; "l'amour fraternel".&nbsp;
L'une d'entre elles montre une main noire et une main blanche serr&eacute;es.Une autre, r&eacute;dig&eacute;e en anglais, en afrikaans et en sotho, affiche l'injonction "Aimez vous!"

- "Toute petite &eacute;tincelle" -

"Nous sommes l&agrave; pour prier pour Senekal et pour le pays", dit John Mathuhle, 39 ans, un pasteur noir de la ville.&nbsp;
Il regrette que la semaine derni&egrave;re, la manifestation qui avait commenc&eacute; dans une atmosph&egrave;re "paisible", ait aussi "mal tourn&eacute;": "La guerre civile n'aura pas lieu &agrave; Senekal.On est l&agrave; pour &ccedil;a, pour dire non au racisme, non aux meurtres dans les fermes".
"Il faut &ecirc;tre vigilant aux divisions sur des lignes raciales, l'Afrique du Sud doit se tenir unie", met en garde l'avocate Pearl Kupe, descendue en voiture depuis Pretoria.&nbsp;
"Je ne laisserai aucun parti tirer avantage de cette situation pour engendrer plus de divisions, plus de conflit.On est solidaires de Senekal parce que notre pays c'est la nation arc-en-ciel", ajoute-t-elle.&nbsp;
Nelson Mandela, premier pr&eacute;sident noir apr&egrave;s le r&eacute;gime s&eacute;gr&eacute;gationniste de l'apartheid, avait baptis&eacute; ainsi son pays lors de son discours d'investiture en 1994.
Le leader d'un parti de la gauche radicale (EFF), Julius Malema, a appel&eacute; ses partisans &agrave; se rendre vendredi &agrave; Senekal pour l'audience des suspects."Nous allons nous confronter &agrave; l'homme blanc en face-&agrave;-face", a-t-il d&eacute;clar&eacute;, deux jours apr&egrave;s avoir twitt&eacute; une photo de fusil.
"Il suffit d'une toute petite &eacute;tincelle pour allumer un feu de brousse", met en garde Jean Labuschagne, 37 ans, qui a grandi &agrave; Senekal mais vit d&eacute;sormais dans une ville voisine."J'esp&egrave;re que les gens resteront chez eux" vendredi, confie-t-il &agrave; l'AFP.
Deux ministres ont rencontr&eacute; mardi la famille du fermier assassin&eacute;, pour pr&eacute;senter les condol&eacute;ances du gouvernement.Et la veille, le pr&eacute;sident Cyril Ramaphosa avait tent&eacute; de d&eacute;samorcer ces tensions qui "rouvrent des plaies remontant &agrave; plusieurs g&eacute;n&eacute;rations".
"Ce qui s'est pass&eacute; &agrave; Senekal montre &agrave; quel point le brasier de la haine raciale peut facilement &ecirc;tre allum&eacute;" et que "nous ne sommes pas d&eacute;barrass&eacute;s des divisions et des m&eacute;fiances du pass&eacute;".&nbsp;

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