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Zone de sécurité à Zaporijjia: négociations "très compliquées", dit le chef de l'AIEA à l'AFP

Les négociations avec la Russie et l'Ukraine pour mettre en place une zone de protection autour de la centrale nucléaire de Zaporijjia sont "très compliquées", a déclaré jeudi à l'AFP le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, disant ne pas pouvoir "perdre patience".

AFRICA RADIO

10 novembre 2022 à 15h21 par AFP

La centrale de Zaporijjia, la plus grande d'Europe, est occupée depuis début mars par les troupes russes. Située dans un des territoires annexés par la Russie, elle se trouve non loin de la ligne de démarcation entre les territoires contrôlés par Kiev et ceux occupés par Moscou. Alors que Moscou et Kiev s'accusent mutuellement de bombardements sur le site depuis plusieurs mois, l'AIEA a lancé il y a plusieurs semaines des discussions concernant une zone sécurisée autour du site, réclamée notamment par le secrétaire général de l'ONU. "Ca prend horriblement longtemps et je suis le premier à être impatient mais je ne peux pas me permettre de perdre patience et je dois continuer mes efforts", a déclaré lors d'un entretien à l'AFP en marge de la COP27 en Egypte le patron de l'AIEA Rafael Grossi qui en a discuté avec les présidents russe et ukrainien. "Ce sont des négociations très compliquées, comme vous pouvez l'imaginez, avec deux pays en guerre qui ne négocient pas entre eux". "J'essaie de faire que ces deux pays acceptent le concept de protection de cette centrale nucléaire", a-t-il ajouté, disant garder l'"espoir" de parvenir à un "succès". Il a souligné, parmi les difficultés, le fait que ses interlocuteurs ne soient pas que des diplomates mais aussi des militaires des deux pays. "Cela rend les négociations très sensibles quand on parle du rayon (de protection autour de la centrale), quand on parle de définir quels équipements militaires seraient autorisés ou interdits" à l'intérieur, a souligné Rafael Grossi. "Vous pouvez imaginer qu'ils regardent cela sous l'angle de la guerre". Alors que le G7 a dénoncé récemment la "rhétorique nucléaire inacceptable de la Russie", le patron de l'AIEA a lui évoqué son "inquiétude" de l'utilisation d'armes nucléaires, mais espéré que son agence serait capable de réduire les risques. Ainsi, après les déclarations de la Russie accusant l'Ukraine de préparer une bombe sale, l'AIEA a envoyé des inspecteurs dans trois sites et ils n'ont trouvé "aucun signe d'activités nucléaires non déclarées". "Ces allégations ont été faites avec un discours incluant l'idée que peut-être des armes nucléaires pourraient être utilisées en représailles après une éventuelle utilisation de la bombe sale" mais "nous avons fait taire ces allégations, nous avons calmé la situation", a assuré M. Grossi, notant que ça ne marcherait "pas forcément à chaque fois". Mais "nous ne devons pas oublier que c'est une guerre, donc les inquiétudes (d'utilisation d'armes nucléaires, ndlr) demeureront jusqu'à la paix".