Samia Suluhu Hassan a prêté serment en tant que présidente, malgré de nombreuses manifestations, dont certaines ont tourné au drame. Vous rejetez les résultats de l’élection, mais que comptez-vous faire maintenant ?
Nous ne rejetons pas seulement les résultats de l'élection. Le message que nous envoyons au monde est qu’il n’y a tout simplement pas eu d’élection en Tanzanie. Le 29 octobre, les Tanzaniens ne se sont pas rendus aux bureaux de vote pour voter. Ils étaient plutôt dans les rues pour protester contre le scrutin car celui-ci n'était ni libre, ni juste, ni transparent. Par conséquent, il n’y a eu aucune élection dès le départ. Je voulais clarifier cela.
Selon votre parti, il y aurait eu au moins 700 morts à cause de la répression violente des manifestations qui ont eu lieu le jour de l’élection, mercredi dernier. D’où viennent ces chiffres ?
Ces chiffres proviennent de différentes régions du pays. Les gens se rendent dans les hôpitaux et constatent, ou apprennent par le personnel soignant, à quel point les établissements sont submergés par des corps sans vie recueillis dans les rues, en raison de la violence meurtrière exercée contre des manifestants pacifiques par les forces de sécurité.
D’autres personnes rapportent également ce qu’elles observent sur le terrain. Là encore, nous avons vu des corps allongés dans les rues de Dar es Salaam, de Mwanza et de Mbeya. Les rues sont donc jonchées de cadavres et demeurent dans cet état.
Depuis que l’accès à Internet a été partiellement rétabli, des images de ces corps allongés dans différentes rues commencent à circuler. À partir de ces images, il est même difficile d’estimer l’ampleur réelle des tueries commises par les forces de sécurité dans le pays.
Il y a quelques mois, on a aussi vu des manifestations au Mozambique, également réprimées avec brutalité. Là-bas aussi, les protestataires dénonçaient la mise au silence de l’opposition, mais rien ne semble avoir changé. Pensez-vous que la situation sera différente en Tanzanie ?
En Tanzanie, ce n’est pas comme si nous restions les bras croisés. Après ces événements, les gens continuent de manifester dans différentes villes du pays, mais à un rythme beaucoup plus lent. Cependant, à l’avenir, la population poursuivra son combat pour obtenir de véritables réformes, et pas seulement des réformes partielles, mais des réformes profondes.
Cela implique notamment une révision de la Constitution, accompagnée des réformes électorales nécessaires. Ainsi, lorsque de futures élections auront lieu, les Tanzaniens pourront se rendre aux urnes en toute confiance, déposer leur bulletin et savoir que leurs votes seront réellement comptés et auront un véritable impact — contrairement à la situation actuelle.
Mais avant même d’en arriver là, les Tanzaniens en appellent désormais aux instances internationales, telles que l’ONU et la Cour pénale internationale, pour qu’elles interviennent rapidement. Ils demandent une enquête immédiate et approfondie sur l’ampleur des atrocités commises par Samia Suluhu Hassan et son parti autocratique contre le peuple tanzanien.
Le nombre de morts constaté sur le terrain est sans précédent. C’est pourquoi nous continuons d’exhorter l’ONU et d’autres organismes, comme la CPI, à mener une enquête indépendante et rapide, et à tenir Samia Suluhu Hassan ainsi que son parti, et non simplement le gouvernement, responsables de leurs actes.
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