Le procès de six Somaliens accusés d'avoir pris en otage pendant une semaine, en avril 2008, l'équipage français du voilier Le Ponant s'est ouvert mardi aux assises de Paris, les accusés encourant la réclusion criminelle à perpétuité.
Agés de 25 à 50 ans, tous détenus à la prison parisienne de La Santé, ils ont pris place peu après 10H00 dans le box vitré, au premier rang.
Par le biais de deux interprètes, ils ont décliné leurs identités et professions à la demande du président de la cour, Pascal Lemoine: quatre pêcheurs, un chauffeur de taxi, un comptable dans une société de pêche.
Poursuivis pour enlèvement et séquestration ainsi que vol en bande organisée, ils encourent la réclusion criminelle à perpétuité.
Tous ont été interpellés à terre et un seul reconnaît être un pirate.
Deux autres admettent être montés à bord mais affirment qu'ils ne faisaient qu'approvisionner les pirates en chèvres, cigarettes ou khat, et trois nient avoir jamais mis les pieds sur le voilier.
"On a arrêté six hommes dans un taxi collectif", a affirmé devant la presse en arrivant à l'audience l'avocat d'un accusé, Me Martin Pradel.Il va demander l'acquittement de son client, qui n'est selon lui relié à l'affaire par "aucun ADN, aucune étude balistique".
"Mon client espère que son innocence pourra être reconnue", a déclaré un autre avocat de la défense, Me Cédric Alépée.
"Ces hommes étaient à leur arrestation en possession d'une partie de la rançon et d'armes" et "ont été identifiés par la majeure partie des membres d'équipage" comme faisant partie des preneurs d'otages, a objecté Me Michel Quimbert, avocat des parties civiles.
Le 30 mars 2008, Le Ponant avait quitté les Seychelles avec 30 membres d'équipage, mais sans passagers, pour le Yémen où il devait embarquer des clients pour une croisière.
Le 4 avril, à l'entrée du Golfe d'Aden, le luxueux trois-mâts de 88 mètres de long était abordé par une douzaine de pirates armés de fusils d'assaut.Une vingtaine se relaieront à bord pendant une semaine.
Le 11 avril, ils libéraient leurs otages après versement d'une rançon de 2,15 millions de dollars par le propriétaire du voilier, la CMA-CGM, avant de prendre la fuite.
Ils étaient pris en chasse en Somalie par l'armée française.Un 4X4 était intercepté alors qu'il s'éloignait d'un village, avec à son bord six hommes, environ 200.000 dollars et des armes.
Les six hommes interpellés étaient reconnus sur photographie par des membres d'équipage.Au fil de l'enquête, ces derniers sont cependant, dans certains cas, revenus sur leurs identifications initiales.
Le capitaine du Ponant, Patrick Marchesseau, doit être entendu mardi après-midi.Il exerce toujours le même métier.
Mais d'autres membres d'équipage ont, selon Me Quimbert, "renoncé à naviguer" du fait du "stress" et du "traumatisme" qu'ils ont subis.Ils ne ressentent selon leur avocat "pas de rancune ni de rancoeur" mais ont "soif de justice".
Le procès doit durer jusqu'à la mi-juin.
Au total, 22 Somaliens sont détenus en France pour quatre prises d'otages.Fin 2011, cinq hommes avaient été condamnés à des peines comprises entre quatre et huit ans de prison pour la prise d'otage du Carré d'As, en septembre 2008, un sixième étant acquitté.Le parquet a fait appel.
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