Quel rapport entretenez-vous avec le continent africain ?
Je pense qu’on entretient un rapport très fusionnel, dans le sens où on trouve que le continent africain regorge de cuisines exceptionnelles et qu’on se doit aujourd’hui de les montrer aux yeux du monde. Il y a une grosse diaspora africaine en France et on trouvait que ce n’était pas assez représenté en termes de gastronomie. Donc, on s'est dit qu’on allait aller directement à la maison mère.
À Paris, on a peu de restaurants de cuisine africaine entre guillemets. On a quelques restaurants marocains, peu de restaurants algériens par exemple, et pas énormément de restaurants d’Afrique de l’Ouest ou d’Afrique subsaharienne. On a des grosses chaînes comme A'Folé qui commencent à exploser, Afrik’n Fusion qui commence à se démocratiser, mais on n’en a pas dans tous les arrondissements, dans tous les coins de rue.
Vous êtes aussi français d’origine sénégalaise et mauritanienne. Quel rapport entretenez-vous avec vos deux pays d’origine ?
Je suis beaucoup plus mauritanien que sénégalais. J’entretiens aussi un rapport très fusionnel. Je ne suis pas énormément allé dans ma jeunesse, très jeune, et j’ai commencé à repartir en Mauritanie ces deux ou trois dernières années. Je n’ai pas encore bien documenté la Mauritanie, mais ça va arriver très rapidement.
Au-delà du contenu food et lifestyle, il y a aussi cette volonté de montrer, à travers vos contenus, une Afrique qu’on ne montre pas. Par exemple, quand vous étiez à Kinshasa, vous avez montré qu’il y avait aussi de grands centres commerciaux, des grandes tours. Vous avez aussi montré du contenu sur comment investir en RDC. L’initiative plaît, mais certains étaient dubitatifs car certaines réalités sont occultées. Comment trouve-t-on l’équilibre entre une vision un peu fantasmée et montrer la réalité telle qu’elle est ?
Dans notre contenu, on essaie vraiment de montrer ce qui se passe au quotidien, ce que les gens vivent au quotidien. À Kinshasa par exemple, on est partis se faire coiffer dans la rue, manger de la street food, des trucs à 10, 15, 20 centimes, vraiment ce que le peuple consomme tous les jours.
Mais on aime aussi montrer le côté avancé de l’Afrique, avec de belles infrastructures, des trains. Les gens ne sont pas au courant qu’il y a des trains en Afrique. Certains pensent qu’on se déplace uniquement en voiture ou en tuk-tuk. On est là pour démocratiser tout ça. Il y a de tout en Afrique.
On a énormément de retours de personnes qui nous disent :
« Je ne savais pas qu’il y avait des centres commerciaux en Afrique »,
« Je ne savais pas que Kinshasa était comme ça »,
« Il y a un train, vraiment ? »
Peut-être que nous, parce qu’on est plus baignés dedans, on sait que ça existe et que c’est le quotidien de certains, mais beaucoup de gens ne sont pas au courant.
Vous allez retourner au Maroc pendant la CAN, sur le même principe de contenu que lors de la CAN en Côte d’Ivoire. Quel est le meilleur souvenir que vous gardez de cette expérience ?
On repart très prochainement au Maroc pour la CAN afin de montrer tout ce qui se passe en coulisses : proche des terrains, dans la vie des villes, ce que vivent les Marocains au quotidien, mais aussi l’ambiance au stade. Concernant la Côte d’Ivoire, on y était allés de manière très spontanée, sans vraiment préparer le voyage, et c’était exceptionnel. C’était incroyable.
Qu’est-ce qui sera différent concrètement ?
Plus de contenu sur les restaurants, plus de contenu sur la réalité du quotidien des Marocains, plus de contenus au stade, sur les terrains, et peut-être quelques surprises…Mais on ne va pas les dire tout de suite.
Votre équipe favorite pour la CAN ?
J’en ai plusieurs. Il y a le Congo, parce que pendant qu’on y était, ils se sont qualifiés pour les éliminatoires de la Coupe du Monde. Par hasard, on était là-bas et on a vécu ce moment avec les Congolais. C’est la première fois que j’ai dit : 'je suis Congolais, naza (je suis, en lingala) congolais', parce que j’ai ressenti la joie du peuple. Quand l’équipe nationale joue, le pays s’arrête : tout le monde oublie ses problèmes, tout le monde est uni derrière son équipe. Donc je serai pour le Congo.
Je serai aussi pour le Sénégal bien évidemment. Je serai aussi pour la Côte d’Ivoire : j’ai vécu la victoire avec eux, j’étais à l’hôtel avec les joueurs quand ils ont gagné le trophée. Petite anecdote sympa : le lendemain, j’ai fait le tour du village natal du gardien avec lui, il était allé voir ses parents. C’était fort.
Et puis le Maroc aussi, parce qu’on les aime beaucoup. Ils ont organisé l’une des plus belles CAN en termes d’infrastructures, ça c’est sûr. Donc on supporte pas mal de pays.
Vous mettez en avant des adresses accessibles en Île-de-France, mais vous interviewez aussi ceux qui représentent l’excellence de la gastronomie française : meilleurs ouvriers de France, chefs pâtissiers. Mais y a-t-il des endroits où vous ne vous autorisez pas à aller ?
Aujourd’hui, on a la chance d’interviewer de très grands chefs, de l’excellence française et même mondiale, les numéros un. On ne s’interdit rien. On a la légitimité et l’envie de le faire, donc on le fait. On est bien reçus. Récemment, on a rencontré le producteur d’un artiste qui nous a reconnus et qui nous a dit : « Les gars, c’est super ce que vous faites. Il y a des endroits où moi je n’irai jamais parce que je ne me sentirais pas à l’aise. Vous voir y aller, c’est comme si j’y étais. »
Et en disant ça, il a tout dit. Tout le monde peut s’autoriser à aller n’importe où.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.