La justice tunisienne a décidé jeudi de maintenir en détention le patron de la chaîne privée Ettounsiya TV, Sami Fehri, et émis des mandats de dépôt à l'encontre de cinq anciens PDG de la chaîne de télévision publique, a-t-on appris de sources judiciaires.
La décision annoncée jeudi soir a été prise par la chambre d'accusation du tribunal de première instance de Tunis, en l'absence de l'accusé, hospitalisé depuis le 27 décembre à la suite d'une grève de la faim de onze jours pour réclamer sa libération.
Incarcéré en août dernier, M. Fehri est inculpé de complicité de détournement de fonds publics dans le cadre d'une affaire de corruption remontant à l'époque du président déchu Ben Ali, et au sujet de laquelle le gouvernement islamiste est accusé de pressions sur les médias.
Il risque 10 ans de prison pour "préjudices financiers causés à la télévision publique" au profit de sa société de production.
M. Fehri, qui a fondé sa chaîne en 2011, était auparavant un producteur associé de Belhassen Trabelsi, beau-frère de Ben Ali aujourd'hui en fuite au Canada, et dont les parts (51%) dans la société Cactus Prod de M. Fehri ont été placées sous administration judiciaire.
La chambre d'accusation a émis jeudi des mandats de dépôts contre cinq anciens PDG de la télévision nationale poursuivis dans la même affaire, laissés jusqu'ici en liberté, a-t-on indiqué de mêmes sources.
Moncef Gouja, Mohamed Chelbi, Mustapha Khammeri, Hedi Ben Nasser et Brahim Fridhi seront désormais placés en détention, a-t-on précisé.
Dans une déclaration publiée par l'agence tunisienne TAP, quatre de ces anciens dirigeants ont affirmé n'avoir tiré "aucun avantage matériel ou moral" durant leurs mandats sous le règne de Ben Ali.
Sortant de leur silence peu avant l'annonce de mandats de dépôts à leur encontre, ces anciens dirigeants ont assuré avoir été "soumis à des pressions" qu'ils n'ont pas précisées, et affirmé n'avoir "aucun ressentiment" à l'égard de M. Fehri.
L'incarcération de Sami Fehri avait fait scandale, ses avocats faisant notamment valoir qu'il était l'unique accusé à être détenu, alors ses co-accusés étaient laissés en liberté.
Le gouvernement islamiste est accusé de faire pression sur la magistrature au sujet de Sami Fehri.
Le patron d'Ettounsiya et ses défenseurs évoquent "un acharnement judiciaire" en représailles à une émission de satire politique, et au ton critique de sa chaîne à l'égard du pouvoir.
Son cas a suscité la mobilisation d'une large frange de la société civile, d'ONG et de l'opposition, qui ont réclamé sa libération en application d'un arrêt de la Cour de cassation, qui a ordonné sa remise en liberté le 27 novembre dernier.
Le parquet a empêché à deux reprises l'application de cette décision et renvoyé l'affaire devant la chambre d'accusation.
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