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Comores : la crise institutionnelle est la crise-mère (Said Abass, opposition) 

A deux ans des prochaines élections présidentielles aux Comores, l’opposition conteste toujours la légalité du second mandat du président Azali Assoumani . Interrogé par Lilianne Nyatcha, le  président du parti Mouroua ( Dignité) aux Comores Saïd Abass Dahalani fait des propositions pour une « sortie de crise ».

Saïd Abass Dahalani

24 février 2022 à 16h29 par Lilianne Nyatcha /Africa Radio Paris

La présidentielle dans votre pays aura lieu en 2024. Serez-vous candidat ?

Bon, elle n’aura pas lieu normalement en 2024 selon les règles. Parce qu’en fait, nous ne reconnaissons pas cette échéance comme légale.  

On ne va pas revenir sur le débat de la légalité ou non du mandat en cours du président Azali Assoumani réélu dans la contestation en 2019. Certains estiment même que son mandat a expiré en mai 2021. Théoriquement, 2024, c’est la date de l’élection. Serez-vous candidat s’il y avait des élections à cette date ?

J’appartiens à un mouvement dont je suis le président, Mouroua qui appartient à une coalition du nom de COMRED (convergence des mouvements pour la république et l’État de droit). A cet effet, nous allons nous concerter pour prendre la décision si cette échéance venait à arriver dans ces conditions. Nous, nous avons des propositions pour sortir de la crise actuelle.

Pour vous donc, l’élection ne devrait pas avoir lieu en 2024, mais avant. Certains de vos compatriotes accusent pourtant le président Assoumani d’être  déjà en campagne pour cette élection..... 

Encore une fois, je rappelle que pour notre opposition, le président Azali était président  de la République des Comores jusqu’au 26 mai 2021. A partir de là, il est sorti de la légalité et de la légitimité.

Mais en même temps, il gouverne. Comment allez-vous l’empêcher de poursuivre son mandat jusqu’en 2024 ? Quelles sont les propositions dont vous parlez ?

Il est sorti de la légalité constitutionnelle. La proposition c’est que nous considérons que nous pouvons faire une table-ronde autour d’un projet de nouveau modèle institutionnel. Vous savez, la crise qu’il y a aux Comores a pour crise-mère, une crise institutionnelle. Puisqu’en fait, les institutions ont été bafouées et totalement codifiées pour que le président soit omnipotent et qu’il puisse faire tout ce qu’il veut une fois qu’il est élu. C’est pourquoi nous proposons un nouveau modèle institutionnel.

Lequel ?

Dans ce modèle, nous allons proposer une nouvelle organisation des institutions. Il y a aura une chambre haute et une chambre basse. C’est un modèle fédéral dans lequel le président aura des fonctions minimums pour gouverner l’État mais pas dans l’institution où il est jusqu’à présent. Donc on pense à une véritable révolution où même pour désigner les ministres ou les chefs d’État major, le président va devoir passer par un sénat, un peu comme dans le modèle américain. C’est une situation qui n’a jamais existé aux Comores.

Pour l’instant, vous êtes encore à la phase de proposition. Pour la concrétisation, vous n’êtes pas encore très clair sur comment cette proposition pourrait de façon pratique être mise en œuvre.

Le président Azali n’a plus la légalité depuis le 26 mai 2021. Donc, à partir de ce moment, lui a proposé une sortie de crise par ce qu’il a appelé ‘’un dialogue national’’. De manière simple, nous on considère qu’il n’a pas de légalité ni de légitimité. Donc, il n’a pas la légalité de proposer une sortie de crise. Dans ces conditions, nous proposons un référendum qui serait dirigé par la Communauté internationale. Ainsi, l’opération serait au clair au niveau de toute l’opinion. 

Décryptage Saïd Abass Dahalani