Corruption au Malawi: le président retire les pouvoirs à son vice-président
Le président du Malawi, élu sur la promesse de lutter contre la corruption, a annoncé mardi retirer les pouvoirs à son vice-président après un rapport sur l'enquête menée autour d'un vaste scandale de corruption dans le cadre de contrats publics, impliquant déjà plusieurs hauts responsables.
21 juin 2022 à 21h36 par AFP
"J'ai décidé de retirer toute fonction déléguée" au vice-président Saulos Chilima, a déclaré Lazarus Chakwera lors d'une allocution transmise à la télévision. Le chef d'Etat n'a pas le pouvoir de suspendre ou démettre son vice-président, élu. Cette annonce survient après un nouveau rapport du Bureau anti-corruption (ACB), qui enquête sur l'homme d'affaires britannico-malawite Zuneth Sattar, soupçonné de corruption, fraude et blanchiment d'argent. Plusieurs ministres et anciens ministres ont déjà été arrêtés dans le cadre de cette affaire. "Le bureau a découvert qu'un total de 53 fonctionnaires et anciens fonctionnaires auraient reçu de l'argent de M. Sattar au cours des huit mois compris entre mars et octobre 2021", a précisé M. Chakwera. Le président malawite a également suspendu son chef de cabinet et le chef de la police du pays. "En outre, le Bureau a découvert que 31 autres personnes du secteur privé, des médias, de la société civile et du monde juridique ont également reçu de l'argent de M. Sattar", portant le total à 84 personnes suspectées d'être impliquées, a ajouté le chef d'Etat. La police et l'armée auraient attribué 16 contrats pour une valeur de 150 millions de dollars à cinq sociétés appartenant à M. Sattar, entre 2017 et 2021. M. Chilima n'a pas immédiatement souhaité faire de commentaire. En 2020, Saulos Chilima, candidat à la présidentielle, s'était allié à Lazarus Chakwera pour remporter l'élection rejouée à la suite de fraudes lors d'un premier scrutin en 2019.