France - Algérie. "Nous en appelons à une issue qui soit heureuse pour Christophe Gleizes", insiste Anne Bocandé, directrice éditoriale de RSF

Christophe Gleizes a été condamné à 7 ans de prison lors de son procès en appel, qui s’est tenu mercredi en Algérie. Après l'annonce de sa condamnation, avez-vous eu des nouvelles de ses nouvelles par l'intermédiaire de ses avocats ou de sa famille, qui a d'ailleurs exprimé sa consternation ?

En effet, depuis le début de cette affaire, nous sommes consternés par l'aberration de cette décision, qui vient confirmer une peine de sept ans de prison ferme pour Christophe Gleizes. Rappelons que Christophe Gleizes est un journaliste sportif reconnu pour son travail, sa passion du football en général et du football africain notamment.

Il connaît très bien le milieu et a également publié un livre Magique système: L'esclavage moderne des footballeurs africains. C’est vraiment un journaliste confirmé sur ces sujets. Aujourd’hui, il est enfermé alors que son dossier de défense est complètement vide.

Nous avons eu des nouvelles de la famille, avec un contact permanent. Une partie de la famille était à nos côtés à Paris au moment de la décision, et ses parents, sa maman, son beau-père et sa compagne étaient à Tizi Ouzou en Algérie.

Évidemment, la famille est effondrée mais aussi combative, à l'image de Christophe. Selon ce que la famille nous a rapporté, il a également transmis un message à travers son regard et un signe de cœur pour leur dire « tenez le coup, ça va aller ». Toujours selon la famille, Christophe a montré une posture digne et combattive, même lors du procès.

Il y a plusieurs options : la demande de grâce ou le pourvoi en cassation. Vous avez annoncé que la mobilisation allait monter d'un cran. Comment cela va-t-il se manifester ?

Il est pour le moment prématuré de se prononcer sur une autre voie, car l'avocat doit d'abord s’entretenir avec Christophe, le premier concerné. Ensuite, il y aura un temps de réflexion pour la famille et pour Christophe avant de décider de la suite.

Quant à la mobilisation, il est important de continuer à alerter sur cette situation dramatique, que ce soit côté français ou côté algérien. Nous appelons à une mobilisation massive pour demander la libération de Christophe Gleizes, impliquant personnalités politiques, monde du sport et médias.

Nous avons déjà lancé une pétition il y a quelques semaines ou mois, qui a réuni plus de 20 000 signatures. Des clubs de football ont également rejoint la mobilisation, et nous les invitons tous à nous soutenir. Christophe doit pouvoir retrouver ses proches et sortir de prison.

En toile de fond de l’emprisonnement, il y a les tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie, qui montrent depuis quelques signes d’apaisement. Pensez-vous que la grâce présidentielle soit possible ?

Pour le moment, nous sommes d’abord dans le choc de la décision communiquée, mercredi.  Ensuite, il sera temps de prendre une décision sur la suite judiciaire, notamment entre les deux options qui s’offrent à nous. Nous en appelons à une issue qui soit heureuse pour Christophe Gleizes.