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Les Ougandais se rendent aux urnes pour un duel présidentiel tendu

Les Ougandais se rendent aux urnes jeudi pour une élection tendue qui oppose le président sortant Yoweri Museveni, 76 ans, dont 35 au pouvoir, à Bobi Wine, 38 ans, un chanteur de ragga et député à l'ascension politique fulgurante.

La campagne &eacute;lectorale, particuli&egrave;rement violente, &eacute;maill&eacute;e d'arrestations et d'&eacute;meutes et endeuill&eacute;e par plusieurs dizaines de morts, s'est achev&eacute;e mardi par la suspension jusqu'&agrave; nouvel ordre des r&eacute;seaux sociaux et des services de messageries dans ce pays enclav&eacute; d'Afrique de l'Est.
Les 18 millions d'&eacute;lecteurs ougandais sont attendus entre 07H00 et 16H00 (04H00 GMT et 13H00 GMT) dans quelque 34.600 bureaux de vote pour ce scrutin pr&eacute;sidentiel et l&eacute;gislatif.
Ils devront d&eacute;partager M. Museveni, un ancien gu&eacute;rillero mu&eacute; en dirigeant autoritaire depuis son accession au pouvoir en 1986, et M. Wine, qui malgr&eacute; son jeune &acirc;ge s'est impos&eacute; au sein d'une opposition divis&eacute;e comme le principal adversaire du pr&eacute;sident.
L'opposition, orpheline du v&eacute;t&eacute;ran Kizza Besigye, qui n'a pas souhait&eacute; concourir apr&egrave;s quatre tentatives et autant de d&eacute;faites face &agrave; M. Museveni, pr&eacute;sente 10 candidats contre le Mouvement de r&eacute;sistance nationale (NRM), l'h&eacute;g&eacute;monique parti au pouvoir.
Dans la derni&egrave;re ligne droite de la campagne, le visage de M. Museveni, par&eacute; de son embl&eacute;matique chapeau&nbsp;&agrave; large bord et d'un tee-shirt jaune - couleur du NRM - a &eacute;t&eacute; abondamment placard&eacute; dans les rues, accompagn&eacute; du nombre de jours le s&eacute;parant de la "victoire".&nbsp;
Sur le continent, seuls Teodoro Obiang Nguema en Guin&eacute;e Equatoriale et Paul Biya au Cameroun ont pass&eacute; plus de temps au pouvoir sans interruption que M. Museveni.
Mardi, dernier jour de la campagne, M. Wine ainsi que deux autres candidats, Patrick Amuriat et Mugisha Muntu, ont appel&eacute; les Ougandais &agrave; voter massivement et &agrave; "prot&eacute;ger leur vote" en surveillant le scrutin.&nbsp;
"Nous vous encourageons &agrave; utiliser vos t&eacute;l&eacute;phones, vos cam&eacute;ras.Votre t&eacute;l&eacute;phone est une arme tr&egrave;s puissante", a enjoint Bobi Wine.&nbsp;
Si M. Museveni parle &agrave; un Ouganda rural et plus &acirc;g&eacute;, M. Wine est populaire au sein de la jeunesse, notamment urbaine, une population significative dans un pays o&ugrave; l'&acirc;ge m&eacute;dian est inf&eacute;rieur &agrave; 16 ans.&nbsp;

- Quitter Kampala -

Les trois opposants ont &eacute;galement qualifi&eacute; d'"ill&eacute;gal" l'ordre donn&eacute;&nbsp;aux &eacute;lecteurs par la Commission &eacute;lectorale, &eacute;voquant les risques de contamination au coronavirus, de s'&eacute;loigner rapidement des bureaux de vote apr&egrave;s avoir gliss&eacute; leur bulletin dans l'urne.&nbsp;
Des craintes ont &eacute;merg&eacute; quant &agrave; l'&eacute;quit&eacute; et &agrave; la transparence du scrutin au cours de cette campagne plus violente que les pr&eacute;c&eacute;dentes, o&ugrave; des journalistes, des critiques du r&eacute;gime et des observateurs ont &eacute;t&eacute; emp&ecirc;ch&eacute;s de travailler.
L'ambassadrice am&eacute;ricaine en Ouganda, Natalie Brown, a annonc&eacute; mercredi que les Etats-Unis annulaient une mission d'observation pr&eacute;vue pour ce vote, la majorit&eacute; de leurs observateurs s'&eacute;tant vu refuser une accr&eacute;ditation par le gouvernement.&nbsp;
La veille, M. Museveni, un des poids lourds politiques de la r&eacute;gion, a confirm&eacute; dans une intervention t&eacute;l&eacute;vis&eacute;e la suspension des r&eacute;seaux sociaux et des services de messagerie, tels Facebook, Twitter, WhatsApp, Signal et Viber, expliquant que cette mesure venait sanctionner la fermeture par Facebook de plusieurs comptes li&eacute;s au pouvoir.&nbsp;
"Qu'elle constitue un acte de censure d&eacute;lib&eacute;r&eacute; ou une mesure de repr&eacute;sailles pu&eacute;rile, cette d&eacute;cision va continuer &agrave; d&eacute;t&eacute;riorer un peu plus les conditions d'un d&eacute;bat public ouvert, pluraliste et transparent", a r&eacute;agi mercredi l'ONG Reporters sans fronti&egrave;res (RSF).
Les violences ont &eacute;maill&eacute; la campagne: arrestations d'opposants, tirs de gaz lacrymog&egrave;nes et parfois de balles r&eacute;elles sur leurs partisans.En novembre, au moins 54 personnes ont &eacute;t&eacute; tu&eacute;es par la police au cours d'&eacute;meutes d&eacute;clench&eacute;es par une &eacute;ni&egrave;me arrestation de Bobi Wine.
A Kampala, o&ugrave; la pr&eacute;sence militaire &eacute;tait tr&egrave;s forte mercredi dans les rues et dans les airs - parcourus par des h&eacute;licopt&egrave;res et par des drones - de nombreux habitants se pressaient ces derniers jours dans les gares routi&egrave;res pour rejoindre leur bureau de vote ou pour quitter la ville par peur de violences.
"Lors des pr&eacute;c&eacute;dentes &eacute;lections, il y a toujours eu du chaos &agrave; Kampala.Je pense que cette fois, avec toute la tension qu'il y a, il devrait y avoir beaucoup de violences", d&eacute;clarait ainsi&nbsp;mardi &agrave; l'AFP Charles Abigaba, un comptable de 31 ans, qui se rend &agrave; Masindi (ouest) pour voter mais compte y rester apr&egrave;s l'&eacute;lection par crainte pour sa s&eacute;curit&eacute;.

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